Les fouilles archéologiques menées dans le quartier Mériadeck et ses abords témoignent de l’occupation des sols dans une zone suburbaine et humide de la capitale de cité Burdigala. À partir du ier s. apr. J.-C., des ateliers liés notamment au travail des peaux, du cuir et de la tabletterie y sont établis. Des indices forts indiquent en outre la présence de cornetiers. Au sein de ce quartier, le site de la rue Jean-Fleuret à Bordeaux (Gironde) met en lumière les techniques de travail des peaux et la production d’objets en cuir et révèle en partie l’organisation d’un tel atelier au Haut-Empire.Dans un premier état, entre 50 et 110-120 apr. J.-C., des artisans travaillent les peaux des caprinés à l’alun et/ou à l’huile d’olive, utilisent du macro-outillage lithique et des fiches métalliques en fer sans tête et collaborent avec d’autres artisans qui produisent des objets à partir de cuirs tannés de caprinés adultes et très probablement de peaux traitées à l’alun. Puis, entre 110-120 et 130-140 apr. J.-C., la spécialité de l’atelier change et les bovinés adultes sont préférés aux caprinés pour le travail des peaux. Il s’agit de la première attestation, durant l’Antiquité, d’emploi de l’alun pour le « passage en blanc » de peaux de bovinés, procédé de hongroyage que l’on pensait apparu à l’époque moderne. L’utilisation d’alun s’amplifie sur le site durant cette période, tandis que l’huile de Bétique n’est plus sollicitée.Au sein du même atelier, tabletier et cornetier s’associent aux artisans des peaux traitant les bovinés. Des objets en peau continuent à être assemblés, sans que l’on puisse déterminer si des cuirs tannés de bovinés sont exploités par les artisans de l’atelier.L’activité identifiée rue Jean-Fleuret cesse aux environs de 150-160 apr. J.-C., période à partir de laquelle l’espace semble mis en culture, peut-être jusqu’à la fin du iie s. Un site voisin localisé à 100 m à l’est du premier, l’îlot Fly, semble prendre le relais en termes d’activité artisanale, comme l’indiquent les batteries de cuves en bois réparties dans deux espaces desservis par un débarcadère en bois. Au iiie s., les installations y sont à leur tour abandonnées. Un dépotoir établi sur les berges du cours d’eau reflète une activité proche pratiquée par des cornetiers. L’association d’amphores de Lipari et d’amphores à huile africaines suggèrent que les artisans traitant les peaux devaient maintenir leur activité à proximité.