Résumé L’analyse des relais de l’action publique prolonge l’exploration des chaînes d’intermédiation de l’action publique en focalisant son attention sur des formes de délégation non instituée, informelle, sans cahier des charges, qui font intervenir, parfois malgré eux, des acteurs dont les pratiques de travail assurent la circulation de l’action publique jusqu’au « niveau de la rue ». Envisager une gamme diversifiée de façons inégalement volontaires, conscientes et appliquées de relayer l’action publique, par des professionnels dont l’activité n’est pas dédiée à ce rôle et qui l’occupent de manière plus ou moins contrainte et en marge de la définition principale de leur métier, permet d’élargir le spectre des acteurs et des situations d’intermédiation de l’action publique. Pris dans des logiques publiques, professionnelles et individuelles souvent contradictoires, ces relais, à la fois récepteurs et retransmetteurs, participent à la définition pratique de l’action publique. Leurs situations charnières donnent une acuité nouvelle à l’analyse des fondements et des manifestations de la latitude d’action des intermédiaires de l’action publique. Surtout, le regard porté aux activités réalisées dans les marges de l’action publique enrichit la compréhension des modalités complexes de diffusion des normes étatiques vers les populations gouvernées et des agencements sociaux qui fondent l’exercice et la portée de la puissance publique.