Résumé -Entre 2001 et 2005, quelque 1 360 experts mobilisés dans le Millennium EcosystemAssessment (MA) ont fourni, à partir d'une évaluation scientifique, un rapport destiné aux décideurs politiques. Depuis la parution du MA en 2005, une notion très peu utilisée comme celle de service écosystémique (SE) est ainsi passée, en l'espace de quelques années, d'une position de confinement dans des milieux scientifiques restreints (biologie et écologie de la conservation), à une position centrale dans les analyses et la formulation de problématiques environnementales. La notion est toutefois apparue tardivement en France. Notre article contribue à mieux comprendre le désintérêt français pour la notion de SE avant la parution du MA. Les experts scientifiques français, quel que soit leur statut (chercheur, maître de conférences, professeur) ou leur discipline (écologie, biologie, économie, etc.) ne se sont pas impliqués dans le MA, alors que quelques années avant le MA, lors du Global Biodiversity Assessment (1993)(1994)(1995), le précédent exercice d'évaluation internationale de la biodiversité, ils s'étaient au contraire fortement mobilisés. Pour expliquer ce désintérêt, l'article analyse le rôle des ministères de la Recherche et de l'Environnement, et les clivages structurels entre le monde de la recherche d'un côté et le monde politique de l'autre. En outre, l'enquête montre que la culture professionnelle des scientifiques français et leurs intérêts stratégiques ne les poussent pas à s'investir réellement dans ce type d'exercice.
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