À partir d’une appropriation critique des travaux régulationnistes sur les rôles et places du politique dans la dynamique sociale, l’article tente de montrer que la crise des subprimes est une crise dont la nature est aussi politique. Pour ce faire, il propose une interprétation théorique recentrée sur les logiques de la régulation politique et la dynamique de l’ordre mondial. Confrontée aux faits stylisés observés, cette approche met en évidence la centralité des déterminants géopolitiques dans la transformation des structures du mode de régulation politique états-unien post-11 Septembre. La « convention néoconservatrice », caractérisée par une forme singulière de néolibéralisme adossée à la quête d’hégémonie impériale, modifie alors les arrangements institutionnels et la stratégie socioéconomique. La transformation du régime des politiques publiques et l’autonomisation de la sphère économique, conformes aux nouvelles alliances politiques entre groupes sociaux, conduisent, cependant, à une « grande crise », qui exprime les contradictions internes à la régulation politique et le hiatus avec la régulation économique.