Le renforcement de l'esprit classificatoire ? Le positionnement des professionnels dans la formation aux outils de classification Dès le plus jeune âge, l'élève est sensibilisé à des outils de classification documentaire, qui l'accompagneront tout au long de son cursus scolaire et universitaire. Cette appropriation des outils de classification constitue un double enjeu : d'une part, elle s'inscrit dans un processus de formation de l'individu à des modes de classement, et donc de stratégies intellectuelles, d'autre part, cette appropriation des outils de classification constitue un facteur de socialisation pour l'individu. En effet, les représentations véhiculées lors des formations quant à ces outils de classification sont autant de prédispositions sociales et de leviers pour « agir dans le monde » (Jodelet, 2003). Les outils classificatoires nous semblent pouvoir être désignés comme des « êtres culturels » dans la mesure où il s'agit bien d'idées et d'objets qui sont produits et pérennisés par l'homme et qui, à travers « les carrefours de la vie sociale », se chargent de valeur, donc de « trivialité » (Jeanneret, 2008). La trivialité repose sur le fait de pouvoir lier les logiques sociales avec la transmission et l'appropriation d'objets de savoirs eux-mêmes porteurs de symboliques culturelles. C'est pourquoi nous proposons d'analyser le positionnement des professionnels par rapport à ces outils de classification, et de cerner les enjeux de la prise en charge de ces outils classificatoires lors de formations, notamment dans la perspective de la « trivialité ». Il s'agit d'examiner ce que sont les outils classificatoires sur un plan épistémique et symbolique, ce qu'ils font aux individus, ce qu'ils deviennent lorsqu'ils sont enseignés et qu'ils circulent dans des lieux de savoirs et entre les individus. Nous nous appuyons sur un corpus constitué d'articles (1996-2012) issus de deux revues professionnelles représentatives des mondes de la documentation scolaire