abondent en français, et on peut s'interroger sur les raisons d'être de ce foisonnement formel. Dans une conception systémique de la langue, postulant l'existence de différences irréductibles entre les formes existantes, on s'attend à ce que ces différents préfixes se distinguent par des propriétés d'ordre structurel (différences de construction phonologique, syntaxique ou sémantique) ou variationnel (spécificités diaphasiques, diastratiques, diatopiques, etc.). Cependant, l'hypothèse de formes générées en surabondance, sans nécessaire distinctivité, doit également être examinée. Certains travaux récents suggèrent en effet que la dérivation (Fradin, 2016 ;Dal et al., 2018 ; Bonami & Strnádova, 2019), à l'instar de la flexion (Thornton, 2012 et 2019), n'exclut pas l'existence de formes redondantes dans les paradigmes morphologiques. Or les préfixes de haut degré (désormais PHD) pourraient constituer un cas de ce type.Pour apporter quelques éléments de réflexion à ce débat, nous nous interrogeons ici sur l'évolution diachronique des PHD en français moderne. On est frappé en effet par la productivité actuelle de ces préfixes, certains d'entre eux se rencontrant fréquemment dans les formations néologiques, telles que celles sous (1).(1) ultra-rural, ultra-pollueur, méga-salaire, méga-motivé, extra-nourrissant, extrariche, hyper-fierté, hyper-tendance, supra-pouvoirs, supra-culte 2 On peut se demander comment évolue globalement l'emploi des PHD, et si cette évolution est marquée par des variations importantes de la fréquence d'emploi des La concurrence affixale en diachronie : le cas des préfixes de haut degré en ...
Linx, 82 | 2021La concurrence affixale en diachronie : le cas des préfixes de haut degré en ...