La découverte des idéalités appartient à Husserl (1913, 1928, 1929, 1938, 1939), qui isole dans l'univers des objets des entités comme une symphonie, un poème, un roman, un discours, une gravure, etc. Leur singularité consiste en la possession d'un contenu spirituel qui les oppose fondamentalement aux objets physiques tels qu'une tasse, un siège, un ordinateur, une feuille de papier qui ne véhiculent aucun contenu susceptible d'être appréhendé par l'esprit humain. Étant chargées d'une valeur (esthétique, symbolique, mathématique, logique ou autre), les idéalités se prêtent nécessairement à une interprétation, alors que les seconds sont de pures entités matérielles sans aucune visée interprétative. Même si la grande majorité des objets idéaux s'instancie dans le temps et/ou dans l'espace, c'est ce contenu spirituel, dénué en lui-même d'étendue spatio-temporelle, qui constitue l'essence de l'idéalité et qui garantit à celle-ci l'identité absolue à elle-même dans le temps et dans l'espace. Il est à noter cependant que les idéalités entretiennent des rapports non triviaux avec les deux « catégories a priori de la sensibilité ». La relation à l'espace et au temps permet à Husserl de distinguer les « idéalités libres » et les « idéalités liées ». Les libres, comme « les formations logico-mathématiques » et les « structures essentielles pures de toute espèce » (ex. un axiome, un théorème), ont « une validité une fois pour toutes et pour quiconque ». Elles ne sont pas « liées à un territoire, ou plutôt elles ont leur territoire dans la totalité de l'univers et dans tout univers possible ». Elles sont complètement indépendantes de l'espace et du temps. Les idéalités liées (ex. une sonate, un poème), « en tant que formations culturelles, sont liées à des territoires particuliers » (1938/1970 : 323-324). Elles ne bénéficient pas de l'omnispatio-temporalité des premières.Les idéalités, qu'elles soient libres ou liées, ne sont pas toutes de même nature. Elles ressortissent à plusieurs grands domaines conceptuels dont les principaux sont : le langage, les arts, la pensée. Le tableau qui suit donne une représentation synthétique du classement auquel nous avons abouti dans nos travaux antérieurs (cf. Flaux & Stosic, 2014). Sans être exhaustif ni complètement élaboré, il sera suffisant pour étudier les rapports entre les NId et les NHC. Cartoni et Namer, 2012 ; Rappaport-Hovav et Levin, 1992 ;Tribout et al., 2012). Ce procédé nous a permis d'obtenir 964 candidats ayant pour base un NId et susceptibles de dénoter un NHC, s'ils se trouvent effectivement attestés dans le lexique. Pour ne citer que deux exemples, le NId adage a donné lieu aux formes adageur, adagiste, adagier, le NId analyse aux formes analyseur, analysateur, analyste, analyer.
Classe NId Sous-classe NId Exemple
MATHEMATIQUES algèbre
15)abrégé, acceptation, accord, acquittement, actes (de colloque), adage, affirmation, air, algorithme, allocution, amendement, analyse, annonce, aphorisme, application, approbation, appréciation, aquarelle, arabesque, argument, argum...