Les sn indéfinis peuvent-ils fonctionner comme anaphores associatives ?

Abstract

Les sn indéfinis peuvent-ils fonctionner comme anaphores associatives ? Dans cet article nous voudrions montrer que les SN indéfinis sont passibles, sous certaines conditions, d'emplois anaphoriques associatifs. Ce phénomène, qui n'a été relevé qu'incidemment par quelques auteurs, est d'autant plus remarquable que : 1°) l'anaphore associative est un procédé anaphorique réputé propre aux SN définis, 2°) on a l'habitude de considérer que les SN indéfinis (ou pour le moins certains d'entre eux, cf. ci-après) servent à installer dans le discours des entités inédites et sont, de ce fait, inaptes aux usages anaphoriques. L'étude qui suit comporte quatre parties. La première est un bref rappel des deux points qui précèdent. Dans la seconde, nous examinons un certain nombre d'emplois de l'indéfini qui sont indiscutablement associatifs et qui donc contestent les deux thèses rappelées ci-dessus. Les SN indéfinis associatifs ne peuvent cependant fonctionner de manière associative que sous certaines conditions et ces conditions sont telles que l'on peut être tenté de considérer ces sn comme de simples définis associatifs déguisés. Cette analyse, comme nous le montrons dans la troisième partie, est toutefois réductrice car il existe entre les indéfinis et les définis associatifs des différences sémantiques qui ne sont pas négligeables. L'analyse consistant à ne voir dans les indéfinis associatifs que des définis déguisés n'est donc pas tenable, d'autant Cahiers de praxématique 24, 1995 1 Sur tous ces points, cf. notamment les études rassemblées dans ce volume ainsi que celles publiées dans Schnedecker et alii ed. (1994) Les sn indefinis peuvent-ils fonctionner comme anaphores associatives ? 45 (3) ? Nous arrivâmes dans un village. Une église était située sur une hauteur. (4) ? Paul s'est marié la semaine dernière. Un maire a fait un beau discours. * Ce travail s'inscrit dans le projet « L'anaphore et son traitement » soutenu par le PIR-CNRS Cognisciences. Un grand merci à G.Kleiber pour ses remarques et critiques ainsi qu'au referee anonyme pour ses suggestions de remaniement qui nous ont permis d'amender sensiblement la première version de ce texte. Les erreurs sont nôtres.

La sous-détermination référentielle et les désignateurs vagues en français contemporain

“…Dans une conception dite large (Kleiber et al 1994) au contraire, les chercheurs observent une variété de relations associatives 158 mises en oeuvre au moyen de diverses expressions référentielles (entre autres [Reichler-]Béguelin 1989, 1993a, Berrendonner 1994, Berrendonner & [Reichler-]Béguelin 1995, Apothéloz & Béguelin 1999, Charolles 1990, Charolles & Choi-Jonin 1995. L'un des points de départ est le fait qu'on n'observe pas de différence de nature dans l'interprétation d'une anaphore coréférentielle et celle d'une anaphore associative, si bien que si l'on en venait à considérer la fréquence des données, on pourrait être amené à « inverser l'ordre des préséances » (Charolles 1990 : 3).…”

Variation substantivale, cognition et discours : absence du terme superordonné

“…L'identification de ce nouveau référent 2. Une telle fixation référentielle est ainsi le résultat d'une double opération, comme le soulignent M. Charolles et I. Choi-Jonin (1995) à propos de l'énoncé Un prêtre marchait en tête du cortège : "l'indéfini invite le destinataire à construire un individu tel qu'il soit à la fois "prêtre" et tel qu'il satisfasse le prédicat "marcher en tête d'un certain cortège". Le prédicat interne au substantif donne accès à la classe préconstruite (R. Martin, 1983) sur laquelle l'interprétant est invité à extraire un membre singulier.…”