L’île Maurice est une jeune nation née de la société de plantation et de nombreux flux migratoires. La nation mauricienne s’est construite sur un rapport de force démographique qui a fait des engagés une majorité défendant sa légitimité à représenter et diriger la nation tout en revendiquant sa spécificité par rapport aux autres communautés mauriciennes. Ce ne sont plus alors les références à l’esclavage, à la rupture avec les racines, qui sont pensées comme fondatrices, mais bien l’héritage indien censément apporté et préservé par les engagés. Entre hindouisme créole (né du contact entre cultures dans le contexte de la société de plantation) et crispation autour des identités indiennes, la communauté hindoue à Maurice a su ancrer localement ses pratiques religieuses, ce que j’étudie ici à travers l’invention de Maurice comme paysage hindou et, à un autre niveau, l’appropriation de l’espace public via la démultiplication des lieux de culte.