Selon l'ONU-sida, 3,2 millions d'enfants de moins de 15 ans vivent aujourd'hui avec le VIH-sida dans le monde. De plus, on estime que, au cours de la seule année 2002, 800 000 enfants ont été infectés par le VIH-1. Des données indiquent que plus de 90 % de ces infections sont imputables à la transmission de la mère à l'enfant. Or, les cas d'infection par le VIH chez la femme augmentent sans cesse, près de la moitié des adultes vivant avec le VIH-sida étant aujourd'hui des femmes [1]. En l'absence de tout traitement chez la mère, le risque de transmission du VIH-1 aux nourrissons non allaités se situe entre 15% et 25% dans les pays industrialisés, et entre 25% et 35% dans les pays en voie de développement. Par ailleurs, le risque de transmission augmente de 10% à 15% en cas d'allaitement [1]. Différents facteurs, d'origine maternelle ou virale, peuvent favoriser la transmission mère-enfant du VIH: la charge virale plasmatique, le nombre de lymphocytes T CD4 + , le stade plus ou moins avancé de l'infection par le VIH-1, la présence de maladies concomitantes, l'absence d'anticorps neutralisant le VIH, la malnutrition, ainsi que des facteurs génétiques tels que des mutations dans le corécepteur cellulaire du VIH, une faible production du facteur d'inhibition de la leucémie (LIF) et un polymorphisme HLA mère-enfant réduit [2][3][4]. Le phénotype viral est aussi à prendre en compte dans la transmission [5]. Le traitement des femmes enceintes par les antiviraux réduit significativement la transmission mère-enfant du VIH : l'administration d'un médicament antirétroviral comme la zidovudine, en trois phases (à partir de la 14 e semaine de grossesse, au moment de l'accouchement et durant 6 semaines chez le nourrisson), réduit le taux de transmission initial de 50 % à 68 %, pour atteindre un risque de transmission de 8 % [6]. La bithérapie pourrait réduire davantage le risque de transmission qui se situerait alors entre 1,6 % et 4 % [7]; mieux encore, la combinaison thérapeutique HAART (highly active anti retroviral therapy), qui vise à diminuer de façon agressive la charge virale, serait associée à un taux de transmission verticale encore plus faible, de l'ordre de 1% [6]. Malheureusement, l'accès à ces traitements est fortement limité dans les pays en développement, qui sont pourtant ceux où la majorité des femmes infectées par le VIH vit actuellement. Une meilleure compréhension du moment précis où a lieu la transmission mère-enfant et des mécanismes impliqués est donc requise, ce qui devrait avoir un impact significatif sur le succès du développement de stratégies d'intervention visant à prévenir cette transmission.