La question des droits de propriété et du rôle de leur redéfinition dans les processus de croissance est au cœur des interrogations actuelles sur les voies du développement agricole. À la suite des travaux pionniers de D. North, tout un courant néo-institutionnaliste prétend, en effet, qu’il faut, et qu’il suffit, qu’une propriété absolue, « parfaite » soit instaurée et que la fluidité de la circulation des biens-fonds soit assurée, pour que s’enclenche une modernisation de l’agriculture. Cet article entend s’emparer historiquement de ces théories en les soumettant à un examen critique et il se propose de juger de leur degré de validité. Par là, il revient à nouveaux frais sur les présupposés qui entourent encore trop souvent le système de la propriété partagée, la place des communaux et des droits collectifs, ou la prétendue inactivité du marché foncier. Il conduit ainsi à reprendre de manière neuve les considérations qui ont traditionnellement cours sur l’impact des enclosures ou sur les acquis de la Révolution française. Il soumet à l’épreuve des faits les préjugés idéologiques qui entourent la « révolution agricole » et il revisite certains mythes qui ont la vie dure en ce qui concerne aussi bien le modèle anglais que l’avance hollandaise dans le cadre d’une petite « divergence » rêvée.