“…Alors qu'une réforme d'ampleur de la santé au travail a été adoptée en France en août 2021, et qu'une épidémie inédite en cours depuis le printemps 2020 a imposé pendant plus de deux ans distanciation sociale, gestes barrières et pass sanitaires puis vaccinaux pour prévenir le risque de contamination à la COVID-19, la santé au travail connaît en France un moment préventif sans précédent au sein des organisations. De nombreux acteurs en charge des risques professionnels vont ainsi voir leur rôle plus ou moins évoluer, notamment les médecins du travail, étudiés jusqu'ici sous des angles variés soulignant les tensions au coeur de leurs pratiques (Dodier 1993), l'ambiguïté de leur statut (Marichalar 2014) ou la dépolitisation et gestionnarisation de leurs activités de prévention (Barlet, 2019). D'autres acteurs (Mias et Wolmark 2018) comme les inspecteurs du travail chargés de faire appliquer les règles du Code du travail, notamment en matière de santé-sécurité (Mias 2015;Bonanno, 2022); les syndicalistes élus dans les Comités (d'Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT), devenus depuis 2020 commissions en santé-sécurité et conditions de travail), chargés de faire remonter les revendications du personnel en la matière; les préventeurs et ingénieurs-sécurité, par exemple dans l'industrie chimique (Dupré et Le Coze 2021)seront aussi appelés à renforcer leurs activités de prévention.…”