Qu'elle soit fruste ou recherchée, de caractère amateur ou professionnel, la poésie berbère se manifeste principalement sous une forme chantée. Cela revient à dire que la notion de chant est indissociable de celle de poésie. Dans le but d'éviter double-emplois et redites, ne seront traités ci-après que les chants ne donnant pas lieu à la danse. Les formes chantées et dansées qui s'exécutent en milieu berbère feront l'objet d'une notice ultérieure, (Danse*). Chants berbères du Maroc (M. Peyron) Le répertoire des chants berbères marocains se signale par sa richesse, autant que par sa diversité. Il témoigne de la vie intense d'un peuple caractérisé par une oralité très forte, où le sérieux, l'âpreté parfois, du vécu quotidien doit être compensé par des heures de joie, de fête, au cours desquelles le chant constitue un exutoire à la fois commode et fort apprécié. Presque toujours collectifs, s'appuyant essentiellement sur une participation instrumentale surtout lors des fêtes ou soirées, organisées ou impromptues, les chants ponctuent également la vie rurale. En effet diverses fonctions de base s'effectuent en chantant : moisson, battage et vannage, activités plutôt masculines, bien que parfois à caractère mixte ; mouture du grain, fauchage de l'herbe, ramassage de bois. Ces dernières, plus intimistes, sont le plus souvent l'apanage des seules femmes. A quelques nuances près, ces formes se rencontrent d'un bout à l'autre du Maroc. Nous commencerons notre étude en présentant la production chantée du domaine par excellence de l'art poétique, correspondant à l'aire linguistique de la tašelḥiyt : Souss, Haut-Atlas occidental, Anti-Atlas. Seront examinées ensuite les contributions des « Beraber » du Maroc central, ainsi que celles des groupements berbérophones du Rif et du Maroc oriental.