“…En effet, ces parcours sont marqués par une très forte mobilité à la fois géographique et des types de lieux de vie.Le premier constat concerne la mobilité géographique, celle-ci est liée en grande partie aux politiques d'expulsions des lieux de vie par l'État et les collectivités(Vitale, 2009) : en ce qui concerne l'agglomération lyonnaise, entre janvier 2016 et novembre 2018, plus de seize lieux de vie ont été expulsés, touchant plus de 1 500 personnes, une même personne ayant ainsi connu en moyenne (et a minima), deux expulsions de son lieu de vie sur la période(Bourgois et Louvion, 2018). Le bidonville ou le squat reste donc un lieu d'incertitude et de vulnérabilité(Aguilera, Bouillon et Lamotte, 2018).Le second constat est celui d'une forte variété des types d'habitat sur des périodes relativement courtes, qui peut être liée : 1) aux expulsions, qui obligent à se retourner vers des solutions parfois très précaires ; 2) aux stratégies ou tactiques des familles en fonction des opportunités présentes sur le territoire ; 3) aux politiques et dispositifs d'accès à l'hébergement ou au logement déployés par les acteurs publics ou associatifs. L'analyse récente que nous avons pu effectuer à partir de données collectées sur 125 ménages révèle ainsi que, pour la plupart d'entre eux, sur une durée de trois ans, se succèdent des périodes de vie à la rue, en foyer ou centre d'hébergement, dans des voitures, dans des hébergements temporaires, notamment dans le cadre du « renfort hivernal », parfois marquées par des retours temporaires dans le pays d'origine.…”