> Le développement de métastases est la cause principale des décès par cancer. Bien que les métastases ne deviennent cliniquement détectables que tardivement, un certain nombre d'études récentes, dans des modèles animaux et chez les patients, montrent que la dissémination des cellules cancéreuse à partir de la tumeur primitive est parfois un événement précoce. Toutefois, les cellules cancéreuses disséminées peuvent demeurer dormantes pendant des mois, voire des années. Mais alors, comment les cellules cancéreuses acquièrent-elles cette capacité à disséminer si rapidement ? Quelles sont les pressions sélectives qui favorisent leur dissémination ? Quels sont les signaux qui contrôlent leur dormance, et pourquoi certaines cellules échappent-elles finalement à ces contrôles et se développent-elles en métastases macroscopiques ? Nous présentons dans cet article les conceptions les plus récentes de ces questions et discutons leurs possibles implications cliniques. < sortir de ces vaisseaux (extravasation) et coloniser un nouvel organe où elles se multiplient et, à terme, se développent en tumeurs secondaires (métastases). Chacune de ces étapes nécessite l'acquisition de caractéristiques particulières : capacité à dégrader la matrice extracellulaire, motilité, résistance aux forces de cisaillement rencontrées dans la circulation sanguine, échappement au système immunitaire, capacité de survivre et, surtout, acquisition de la capacité à proliférer dans un nouvel environnement [43, 44] ( §). L'acquisition d'un nombre si important de caractères est mal comprise. Dans cette revue, nous discuterons une série de résultats obtenus récemment qui décrivent la cinétique d'acquisition du phénotype métastatique, les mécanismes permettant cette acquisition et les conditions permettant leur sélection.
Le modèle de la sélection clonaleLe paradigme traditionnel, appelé modèle linéaire de la sélection clonale (Figure 2A), considère que toutes les caractéristiques nécessaires à l'acquisition du phénotype métastatique dépendent de l'accumulation de mutations indépendantes dans la cellule cancéreuse [2]. On sait que la probabilité d'apparition d'une mutation dans une population (de cellules) donnée dépend du taux de mutation à chaque génération, de la taille de la population et de la durée. Les cellules cancéreuses sont, de fait, caractérisées par une instabilité génétique, compatible avec un taux de mutation élevé. La taille de la tumeur primitive contribue éga-lement à l'émergence de métastases. Une tumeur d'un cm de diamètre compte environ 10 9 cellules. Il y a une corrélation directe entre les dimensions de la tumeur primitive et le risque de maladie métastatique [3]. Enfin, l'apparition de métastases macroscopiques est souvent un