Peut-on parler d'un féminisme des religieuses ? Les religieuses apparaissent souvent comme les plus aliénées des femmes ou comme des femmes à la féminité paradoxale puisqu'endossant d'antiques servitudes, érigées en vertus spirituelle-le voile, la clôture, l'obéissance-, ou bien encore, dirigeant des instituts de moralisation féminine du type des « Bon Pasteur » 1. Dans la suite des travaux de Claude Langlois sur l'essor des congrégations féminines au XIX e siècle en France, on analyse plutôt la vie religieuse en terme de féminisation de la foi que de féminisme 2. La vocation religieuse catholique a permis, dans certains cas, de préparer l'action des femmes dans la sphère publique, notamment en promouvant des soeurs comme cadres moyens ou supérieurs d'hôpitaux, d'écoles ou d'oeuvres de charité. Le temps des congrégations serait, selon Claude Langlois, un temps de transition dans la société française : « un moment où le statut des femmes, tant dans l'Église que dans la société, se transforme profondément. Entre la religieuse cloîtrée et la militante laïque se situe la congréganiste » 3. Au XX e siècle, alors que la République organise l'éducation des filles, que ces dernières, mêmes catholiques, rechignent de plus en plus à entrer dans les ordres et préfèrent se marier, militer dans l'Action Catholique ou le syndicalisme chrétien, les congrégations féminines voient leurs effectifs stagner et leur dynamisme 1 Pour une historiographie comparée de la vie religieuse féminine en France et dans les pays anglo-saxons à l'époque contemporaine :