La conception goldsteinienne des états pathologiques comme des relations spécifiques au milieu, forgée depuis son travail et ses observations cliniques auprès de soldats atteints de lésions cérébrales pendant la première guerre mondiale, prêtent une attention alors inédite à la chronicité comme forme particulière du pathologique, susceptible de se stabiliser dans des états de santé. En découle une conception « holistique » du soin, attentive à la personne en tant que tout et aux possibilités de restructuration de sa relation au milieu. Si les orientations qu’il donne à son approche clinique en font un pionnier de la médecine physique et de réadaptation, la réflexion qu’il mène sur les normes et la normalité et sur les limites de l’action médicale, ancrée dans une conception de la santé comme « latitude de vie », le distingue néanmoins du paradigme de la réadaptation tel qu’il est parfois décrit et critiqué. En cela, les conceptions de Goldstein semblent pouvoir être étendues de manière féconde au soin et à l’accompagnement des maladies chroniques et de certaines situations de handicap aujourd’hui.