La violence, qu’il soit question des « débordements » en manifestation ou des attentats, suscite l’étonnement, l’incompréhension et bien souvent l’indignation. Afin de saisir de façon immanente et compréhensive le sens de l’engagement d’acteurs qui ont parfois eu recours à des moyens violents, nous avons mené une enquête de sociologie qualitative auprès de l’extrême gauche antiparlementaire française. L’engagement apparaît alors sous un autre jour, à la fois « naturel », « logique », poussé par un refus originel de l’injustice. La question devient alors : « Comment est-il possible de ne pas s’engager ? » L’engagement qualifié de radical se dévoile alors comme l’effet d’une inscription analytique de la nécessité d’un agir, au nom de convictions morales et politiques ancrées dans des conceptions du juste et de l’injuste, comme une nécessaire convergence des rationalités cognitive et praxéologique, affirmée comme relevant du registre du devoir moral.