En pratique archéologique, la distinction entre sépultures collectives et sépultures multiples se fonde généralement sur l'analyse des relations physiques entre squelettes et de l'état des connexions articulaires. Cependant, si l'utilité de cette démarche n'est plus à démontrer, elle connait également ses limites, devenant inopérante lorsque la mauvaise conservation des ossements ou une séparation physique entre squelettes exclut l'identification de contacts entre individus. La simple dichotomie entre sépultures collectives et sépultures multiples apparaît par ailleurs insuffisante pour caractériser l'ensemble des cas de figures rencontrés et pour résumer les comportements humains qui ont conduit à l'inhumation de nombreux défunts en un même lieu. Les sépultures plurielles de la catacombe des Saints Pierre-et-Marcellin (Rome, I er -III e siècle) en sont un parfait exemple. Dans cet espace funéraire souterrain, de larges salles ont accueilli le dépôt de centaines de cadavres, selon une dynamique originale. L'étude du site conduit à évaluer la pertinence de certains critères communément usités pour attester la simultanéité des dépôts en archéologie funéraire et met en évidence l'intérêt de l'utilisation de certains arguments alternatifs : rapport entre la capacité des chambres sépulcrales et le volume des corps (appréhendés à l'aide d'une modélisation tridimensionnelle), modalités de gestion funéraire, évolution taphonomique des strates de cadavres et répartition spatiales des individus en fonction de leurs âges au décès. La conjonction de ces différents arguments démontre que les chambres sépulcrales ont accueilli des dépôts simultanés de cadavres, lesquels ont cependant été opérés en plusieurs phases successives.