Sciences normatives, procédures neutres

Abstract

Pourquoi accorder un rôle essentiel à la délibération publique dans le choix des normes éthiques et politiques guidant les sciences ? À partir d'un débat récent en économie du bien-être, cet article soutient que l'introduction de normes éthiques et politiques en sciences doit respecter le principe de neutralité procédurale, et qu'une délibération publique bien encadrée respecte ce principe. Je présenterai deux raisons de croire que les sciences doivent respecter la neutralité procédurale. Le premier argument est lié au rôle que devrait jouer l'examen libre et critique dans le développement des sciences. Le second argument (qui recoupe en partie le premier) repose sur l'idée que les sciences devraient être sensibles aux procédures présentant le meilleur potentiel épistémique. Pour ces deux raisons, si elle prend position en faveur d'idéaux normatifs, l'économie du bien-être (et la science en général) devrait se tourner vers une approche délibérative, rationnelle et impartiale pour y parvenir.

Ficelles, bricolage ou processus de conceptualisation : à propos des pratiques des chercheurs en sciences humaines et sociales

“…Dans le cadre de l'analyse de l'activité scientifique, le courant pratique en épistémologie des sciences a contribué à montrer comment se construit et s'exprime la professionnalité de chercheurs en sciences et techniques ou en mathématiques par exemple, à partir de l'étude minutieuse en situation de comment ils construisent leur objet à partir de quels gestes et avec quels outils et réglages (Hacking, 2005 ;Soler & Zwart, 2013). Ces travaux ont permis de mettre en lumière la dimension sociale de la science qu'il s'agisse de la définition de ce qui est scientifique (Daoust, 2018), des négociations des objets à investiguer (Jouvenet, 2007 ;Latour, 2005) ou de comment communiquer la science (Boch et Rinck, 2010).…”