L'envenimation, véritable problème de santé publique dans les pays en voie de développement [1], est liée à la rencontre entre un homme et un animal venimeux. Les circonstances qui favorisent cette envenimation dépendent à la fois du comportement de l'animal et de l'activité humaine. La confrontation n'est donc pas fortuite mais découle de contraintes environnementales et économiques. La gravité de l'envenimation dépend d'abord de la quantité et de la toxicité du venin inoculé, et donc de l'espèce animale concernée. Elle dépend également de la qualité de la prise en charge de l'accident. L'accès rapide à un traitement efficace est notamment décisif. La création de milieux artificiels, la déforestation incontrôlée, les travaux d'irrigation permettant le développement de la filière agricole, les monocultures extensives et l'extension des espaces périur-bains ont des conséquences sur la démographie ou le comportement des populations animales. De plus, les capacités d'adaptation de nombreuses espè-ces, en particulier venimeuses, évoluent. Quant aux > Les transformations de l'environnement ont souvent des conséquences épidémiologiques inattendues. Si, dans de nombreux cas, l'évo-lution anthropique du milieu semble réduire la densité des animaux venimeux, et donc l'incidence des envenimations, elle se révèle parfois favorable au développement d'espèces dangereuses. C'est notamment le cas dans les pays tropicaux où les espaces agricoles et périurbains peuvent être particulièrement attractifs pour nombre de ces espèces. Ainsi, l'incidence des morsures de serpent est fortement augmentée dans les plantations alors que, en milieu urbain, les envenimations par arachnides, scorpions ou araignées, restent très fréquentes. Une meilleure connaissance de la faune locale et de son éco-logie permet d'anticiper les risques d'envenimation et d'optimiser leur prise en charge afin d'en réduire la gravité. < activités humaines, elles y sont généralement plus importantes, ce qui augmente le risque de contact avec la faune. Des études écologiques et épidémio-logiques permettent d'évaluer les risques de morsure ou de piqûre et de suggérer des solutions pour en réduire l'incidence et mettre en place les ressources thérapeutiques nécessaires.
L'étude de la faune, préalable à l'évaluation du risquePour l'épidémiologiste, le risque zoologique comprend deux paramètres : la composition du peuplement, c'est-à-dire les différentes espèces représentées dans un groupe zoologique, et l'abondance des populations (on évalue un effectif approximatif des individus de chaque espèce significative) qui traduit la probabilité de rencontre entre l'homme et l'animal venimeux. La plupart des animaux venimeux, notamment les serpents et les scorpions, ont un territoire limité à quelques dizaines ou centaines de mètres carrés et ne migrent qu'exceptionnellement. Le peuplement est donc stable tant que le milieu n'est pas modifié. Sa composition et l'abondance des populations qui le composent sont évaluées par des captures organisées en fonction de lieux ou d'activ...