“…Ce que nous devons souligner, c'est que la définition de la société globale tend à recouper celle de l'État-nation, avec pour conséquence que la tradition sociologique se trouve liée à celui-ci de manière profonde et non accessoire. Il peut, certes, exister une définition de la société globale qui transcende, pour la communauté de sociologues, les espaces des États-nations, ainsi que ce fut et demeure le cas pour l'Amérique latine (Garretôn, Murmis, de Sierra et Trindade, 2005), mais les espaces nationaux ne s'en trouvent pas effacés pour autant ; qu'il suffise d'affirmer ici que, en ce qui concerne l'Amérique latine (mais cela vaut pour d'autres régions), des instances et institutions particulières, supranationales (ainsi le Programme international d'études avancées de la Maison des sciences de l'homme à Paris) ont pu jouer le rôle, pour un certain groupe de chercheurs, de structures étatiques par défaut -un rôle qui, sans être mineur, n'en est pas moins fragile. À rebours, l'existence de telles structures ne saurait être une condition suffisante si elles ne sont pas saisies dans l'horizon de la société globale nationale, ainsi que nous l'apprend le cas de la sociologie canadienne-anglaise, elle qui a été suscitée par le développement du providentialisme d'État dans les années 1950 et 1960, et qui a pourtant, par la proximité de langue, de culture et de géographie, grandi dans l'ombre de la sociologie américaine.…”