Si personne ne conteste le fait que les littératures africaines sont hybrides, ni qu’elles reflètent une situation de diglossie, on ne s’intéresse encore que partiellement à l’esthétique de l’oralité dans ces littératures. Il est clair, cependant, que cette esthétique est ancrée dans des pratiques socioculturelles et linguistiques et qu’elle peut constituer un geste politique. Dans cet article, il sera question des enjeux esthétiques d’un texte hybride dans une perspective traductive, à partir du cas particulier deSardines, quatrième roman de Nuruddin Farah, auteur somalien d’expression anglaise. Plus précisément, l’objectif consistera à montrer de quelle manière la langue orale et ses composantes formelles traditionnelles informent l’écriture de l’auteur. Une réflexion s’articulera ensuite autour de la réactivation de cette oralité dans son acception de « dimension sonore », que je propose d’envisager comme vecteur de signifiance, au sens bermanien du terme. À cette fin, le concept de traduction cratyléenne proposé par Ryan Fraser sera examiné.