> Nos connaissances de la différenciation du sexe chez les mammifères ont considérablement évolué depuis les deux dernières décennies et la découverte du déterminant testiculaire. Les processus morphogénétiques impliqués dans la différenciation des gonades mâles et femelles et les principaux gènes majeurs sous-jacents sont présentés dans cet article. Un accent particulier est mis sur les différences existantes entre le modèle murin de référence et les autres mammifères, notamment l'homme et la chèvre. < semence n'apporte à la génération qu'une matière brute. Par ailleurs, le principe de matière introduit la corruption et la mort dans l'univers et il est cause, aussi, de monstruosité. La monstruosité s'applique au cas où l'engendré n'est pas de même espèce que le « générateur » 3 [1]. Une simple dissemblance peut constituer une monstruosité : c'est ainsi que la femelle engendrée au lieu d'un mâle est un monstre. « Le tout premier écart du type génétique est la naissance d'une femelle au lieu d'un mâle » (Aristote) [2]. La femelle est un mâle mutilé, le résultat d'une défaillance du principe mâle. Aristote a beau affirmer que ce monstre qu'est la femelle est nécessaire pour sauvegarder la différence de sexes, la femme n'en est pas moins présentée comme un échec de l'humanité [1]. De nombreux siècles se sont écoulés avant que les données génétiques mettent en évidence l'existence de chromosomes sexuels X et Y chez les mammifères, ainsi que le caractère déterminant du chromosome Y dans la différenciation testiculaire [3,4]. Le déterminisme du sexe a lieu dès la fécondation lors de la mise en commun du patrimoine génétique des gamètes mâle et femelle déterminant le sexe génétique de l'embryon. Cette détermination sexuelle va permettre l'engagement vers une voie de différenciation testiculaire (XY) ou ovarienne (XX). En fonction du sexe gonadique, le sexe phénotypique se met alors en place. Ce sont essentiellement les hormones testiculaires qui sont à l'origine du choix de la différenciation du sexe externe : la testostérone et l'AMH (anti-müllerian hormone). Il est à noter qu'en l'absence de gonade, une différenciation génitale externe de type femelle est observée, que l'individu soit XX ou XY. Ce simple constat a ainsi conduit Alfred Jost à considérer le sexe femelle comme un sexe par défaut [5]. Comme les gonades sont issues d'une ébauche 3 Aristote considère l'homme comme un générateur dans le sens « qui est à l'origine de la génération » et la femme comme une matrice (sorte de four où se développent les bébés).Inra, UMR1198-Biologie du développement et de la reproduction, Bâtiment J. Poly, 78350 Jouy-en-Josas, France. eric.pailhoux@jouy.inra.fr
Le sexe chez nos « anciens »Depuis l'antiquité, les hommes s'interrogent sur les mécanismes impliqués dans le développement d'un enfant mâle ou femelle. La question généralement posée est la suivante : qui détient la supériorité ? La terre qui reçoit la semence ou la semence qui fertilise la terre ? Anaxagore 1 et d'autres naturalistes disent que le sperme vient du mâle et...