Alors que cet article était en préparation, l'hebdomadaire M Le Mag a consacré un long article à « l'exil paisible des Black Panthers de Normandie 1 ». Ce papier revenait en détails sur l'histoire des quatre militants afro-américains ayant détourné un avion en juillet 1972 aux États-Unis vers Alger, avant de se rendre en France où ils furent emprisonnés. Deux d'entre eux, le couple formé par Melvin et Jean Carroll McNair 2 , refirent après leur libération leur vie à Caen en travaillant dans l'animation locale. Sans doute du fait de leur rapprochementexagéré mais sulfureuxavec le Black Panthers Party, la trajectoire du couple a donné lieu à un essai 3 , à un documentaire 4 et à quelques reportages télévisés, centrés sur leur destinée particulièrement frappante, mêlant grande et petite histoire, action aussi spectaculaire qu'un détournement d'avion et vie de famille, histoires américaine et française. En regard, l'analyse des archives de leur avocat français permet d'aller au-delà, et de suivre au plus près comment se sont combinées, autour d'une affaire, défense au sens judiciaire et défense politique ; comment le cas se vit associé à une cause, celle de la critique de la situation faite aux Noirs aux États-Unis, en particulier grâce à l'action, articulée à des collectifs, de leur avocat Jean-Jacques de Félice. Ce dernier, au cours de sa carrière, s'est toujours singularisé par la conciliation entre un idéal pacifiste constamment affirmé, et la défense de clientes et clients souvent associés à des formes d'action violente, voire de terrorisme, qu'il s'agisse des membres du Front de libération nationale (FLN) pendant la guerre d'Algérie 5 , ou plus tard de la défense de Klaus Croissant, avocat de membres de la Fraction Armée Rouge révolutionnaire accusé en République fédérale d'Allemagne de complicité avec ses clients 6 . Dans cette liste, le Black Panthers Party (BPP) ne détonne pas, même si son association avec le terrorisme mérite d'être discutée. La généralisation précoce du port d'arme au sein de l'organisation correspondait d'abord à la revendication de la possibilité de se défendre face à la violence raciste. Toutefois, comme le rappelle bien Caroline Rolland-Diamond 7 , certains membres de l'organisation