Les méthodes d’apprentissage de la lecture sont, depuis la fin du XIX e siècle, des manuels scolaires incontournables dans les écoles françaises. Au cours du XX e siècle, dans ces ouvrages de plus en plus illustrés, les vignettes « sportives » deviennent progressivement plus nombreuses. Dès lors, certaines activités physiques, comme le vélo, y sont particulièrement représentées. Or l’analyse d’un corpus de plus de trois cents manuels, publiés entre 1880 et 1960, montre que l’existence d’images mettant en scène cette pratique corporelle n’est pas fortuite. En effet, dans ces livrets éducatifs, textes et illustrations sont loin d’être insignifiants. Malgré leur caractère parfois distrayant, ils transmettent aux élèves, explicitement ou non, des savoirs, des valeurs, des modèles, des normes, une morale, etc. Ce faisant, pour pouvoir légitimement prendre place dans ces ouvrages pédagogiques, les représentations vélocipédiques doivent se conformer à certains critères : ne jamais gêner les apprentissages, donner constamment à voir des formes corporelles considérées comme acceptables dans le cadre scolaire, etc. Cet article vise donc à comprendre les conditions d’apparition des pratiques vélocipédiques dans les méthodes de lecture. Pour ce faire, il s’agira notamment d’analyser les contraintes pesant sur la mise en images du mouvement des personnages à vélo, mais aussi d’examiner la permanence de certains motifs, comme celui de la chute.