De nombreuses familles accompagnées par les services de protection de l’enfance vivent au quotidien différentes formes de pauvreté : conditions précaires de logement, manque de solidarité familiale, amicale ou de voisinage, faiblesse des ressources culturelles et économiques. À partir des données recueillies lors d’une recherche ethnographique de longue durée réalisée auprès de quinze familles vivant dans la pauvreté et bénéficiant d’une mesure d’action éducative en milieu ouvert (AEMO), nous verrons d’abord comment une intervention sociale centrée sur une approche individuelle et relationnelle finit par invisibiliser la pauvreté de ces familles. Nous montrerons ensuite comment ces pauvretés rendent ces familles plus visibles aux institutions et l’intervention sociale, via le prisme des « désordres » familiaux. Ces deux mouvements complémentaires expliqueraient en partie certaines limites des actions conduites auprès des familles.