Revue Projet 2014Les organisations humanitaires viennent en aide aux victimes, grâce, notamment, à notre argent. Pour nous inciter au don, elles mettent en scène les victimes les plus à même de nous émouvoir, au risque de simplifier le message et d'en oublier d'autres, moins idéales.Régulièrement, sur les murs des villes, sur les écrans des téléviseurs, des images chocs. Une enfant maigre, une mouche au coin de la bouche : la faim. Une image floue, en mouvement, dans laquelle on discerne les éclats d'une arme et des membres broyés : la guerre. Un regard tout à la fois éteint, soulagé et aveuglé : un survivant exhumé de décombres. Un père qui tend dans ses bras le cadavre boursouflé de son enfant : un appel à l'aide. À côté, un slogan, tout aussi dérangeant. Et un logo, qui rappelle que l'on peut faire quelque chose : soigner les corps, rendre la vie. Ce que nous, spectateurs et donateurs potentiels, ne pouvons réaliser ; mais que l'organisation représentée par le logo ne peut faire sans nous. Du moins sans nos moyens.
L'article retrace les origines, en Amérique du Nord et en Europe, d'un des courants du débat critique sur l'humanitaire. La biopolitique de Foucault et d'Agamben, l'anthropologie médicale critique, les nouvelles perspectives d'une anthropologie du politique, la généalogie critique du développement et la prise de parole des acteurs humanitaires, deviennent les pistes d'une réflexion plus complexe proposée par les deux auteures engagées sur des terrains de recherche paradigmatiques pour tracer les limites de l'humanitaire.
La recherche en sciences sociales sur les camps de migrants se heurte régulièrement à la question de l'accès au terrain dans un contexte de fermeture accentuée des institutions destinées au confinement des étrangers 3 et de politisation croissante des enjeux migratoires. De nombreux scientifiques ont de ce fait recouru, ces dernières années, à des collaborations avec des organismes d'aide aux migrants pour mener des enquêtes au sein de ces lieux largement soustraits à la vie publique. Ces organismes, généralement non gouvernementaux (ONG), parviennent parfois à négocier avec les autorités le droit d'y mener tout ou partie de leur action ; ils comptent parmi les rares acteurs extérieurs autorisés à intervenir au sein même de l'institution. Les partenariats établis dans le cadre de travaux scientifiques peuvent prendre des formes diverses, les chercheurs y intervenant en tant que bénévole 4 , stagiaire 5 ,
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