Alors que de nombreux travaux s'accordent à souligner que l'École ne fait plus système (Dubet & Martuccelli, 1996), qu'elle est sans cesse interpellée par les changements profonds affectant l'organisation sociale et productive (Charlot, 1987) et que finalement c'est le sens même de la scolarité qui est en jeu (Develay, 1996), interroger l'expérience scolaire de collégien(ne)s apparaît légitime. L'expérience collégienne ou lycéenne, est devenue plus composite et problématique qu'elle ne l'était auparavant, en raison de l'importance croissante prise par la sociabilité et la culture juvéniles ainsi que par les stratégies des élèves face à un système de sélection qui cristallise la hiérarchie des filières (Rochex, 2006). La massification scolaire a produit une diversification des objectifs scolaires (Dubet & Martuccelli, 1998). Dans cet univers disparate, les acteurs doivent recomposer et repenser leurs pratiques.
2Pour de nombreux adolescents, l'institution scolaire n'est plus ni garante de l'avenir, ni synonyme d'excellence. Si pour certains, elle est vécue comme une chance, est source de satisfaction et fait l'objet d'un fort investissement, pour d'autres, elle ne représente qu'une obligation, un lieu sans attrait, où les expériences sont éprouvantes et constituent des mises à l'épreuve. Ces élèves ressentent alors des difficultés à donner du sens à l'école, à percevoir un réel intérêt dans leurs études et se désengagent de la sphère scolaire. Cette expérience scolaire, que chaque élève vit et se forge tout au long de sa scolarité, participe à la construction de son identité. Cette expérience est fondamentalement plurielle puisque le vécu subjectif est différent au regard de la multiplicité des facteurs -familiaux, scolaires, sociaux et personnels -en jeu (Le BastardLandrier, 2005). Dans ce contexte, l'objectif est de proposer une typologie
3Pour expliciter cet argument introductif et étayer notre positionnement, nous proposons dans un premier temps de définir les contours de la notion d'expérience scolaire. Nous développons ensuite l'intérêt de développer une approche qui prend en compte la singularité des adolescent(e)s, avant de formuler les objectifs inhérents à la recherche. La seconde partie présente la procédure et les résultats d'une étude empirique réalisée auprès de 677 collégien(ne)s scolarisé(e)s en 3 e , en région Midi-Pyrénées.L'expérience scolaire des élèves : un champ de recherche relativement récent 4 La loi d'orientation de 1989 a marqué un tournant symbolique en affichant la nécessité de placer l'élève « au centre du système éducatif ». Si ce principe a été mis en cause au cours des deux dernières décennies, la place de l'élève a considérablement évolué (Cavet, 2009). Il est devenu un sujet pourvu de droits mais surtout un acteur, responsable de sa propre scolarité, investi d'un rôle puisque l'école attend de lui qu'il exerce son « métier d'élève ». Conjointement à ces transformations, la recherche va elle aussi placer l'élève au coeur de ses préoccupations et se met à interroger son « expérie...