En septembre 2014, Netflix ouvre son service de vidéo à la demande par abonnement en France. L’arrivée du géant américain dans un secteur fortement régulé bouleverse les équilibres existants et suscite l’inquiétude des milieux culturels : profitant de l’hétérogénéité réglementaire en Europe, Netflix émet depuis l’étranger sans s’acquitter des nombreuses obligations qui pèsent sur les services audiovisuels français. Face à la remise en cause du modèle de soutien à la création dans l’environnement numérique, le ministère de la Culture cherche alors à le préserver à travers la promotion d’un ordre concurrentiel plus juste sur les marchés de l’audiovisuel en ligne. Mais la définition d’un modèle de concurrence subordonné à la sauvegarde de l’exception culturelle se heurte aux visions antagonistes de nombreux acteurs (autorités de régulations, entreprises privées, Commission européenne) qui soutiennent la dérégulation et la libéralisation de l’économie numérique. L’arrivée de Netflix mobilise donc le ministère en « stratège » pour imposer la prise en compte des enjeux culturels dans les politiques de concurrence. À travers le cas Netflix, l’organisation de la concurrence sur les marchés numériques apparaît comme un enjeu de luttes qui contribuent à redéfinir les logiques de l’action culturelle.
Depuis une dizaine d’années, on observe l’émergence de mouvements de contestation pour défendre les libertés sur et à propos d’Internet contre l’intervention croissante des gouvernements. Ces mouvements ont mobilisé des utilisateurs assidus du réseau qui voyaient leurs pratiques menacées par la régulation des usages en ligne. Internet devient donc l’enjeu et le support d’une mobilisation qui s’inscrit au croisement de différents univers militants. Parmi eux, notre article s’intéresse plus particulièrement aux hackers et informaticiens. En s’appuyant sur une ethnographie menée au sein d’une association de défense des libertés sur Internet, il mettra en évidence la normativité des dispositifs de participation et la professionnalisation de l’engagement à la faveur des expériences militantes. Il s’agit également de montrer que les logiques de mobilisations de ces militants s’appuient sur une vision particulière des pratiques démocratiques et du monde politique.
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