Ce texte questionne l'imagibilité contemporaine du périurbain, entendue comme dimension idéologique de la production de cet espace. L'analyse sémiologique de films récents et de documents publicitaires tend à montrer que les espaces périurbains ne sont plus seulement travaillés par les mythologies pavillonnaires bien documentées dans les années 1970 mais racontent aussi des fantasmes (et leurs aléas) de maîtrise par l'individu de ses différents choix spatiaux et sociaux. Analysant ainsi le périurbain comme quasi-personnage, cette démarche exploratoire s'arrête ici sur certaines thématiques : quelles sont les versions ordinaires mais aussi catastrophistes et apologétiques du périurbain ? Quels sont les marqueurs de diversité apparaissant dans les productions visuelles de masse ? Comment la dimension environnementale est-elle présente... ?

Pour interroger le devenir de la sensibilité contemporaine, le chercheur peut s'appuyer sur l'histoire des sens, discipline qui ouvre la voie à l'étude des sensibilités (Gélard, 2016 ;, démontrant les transformations sur le temps long de l'usage des sens et des modalités de l'attention ou les évolutions des perceptions climatiques. Hors de l'histoire, les sensibilités s'inscrivent dans de multiples disciplines, elles infusent, comme un objet en soi -pour l'anthropologie sensorielle par exemple -ou comme une attention portée, une perspective spécifique jugée à même d'ouvrir de nouveaux questionnements et de renouveler les connaissances. La récente revue Sensibilités, histoire, critique et sciences sociales se donne ainsi comme ligne éditoriale de « s'emparer de la question des sensibilités pour faire d'elle l'endroit d'une interrogation savante sur les modes d'organisation du monde » 1 .Pourquoi un tel déploiement depuis plus d'une dizaine d'années de travaux sur les sensibilités que d'aucuns sont tentés d'étiqueter comme tournant sensible, émotionnel ou affectif ? Assurément, l'enjeu du futur environnemental de la planète participe à réinsuffler la part biologique et physiologique de l'homme : à l'acteur rationnel s'impose l'être sensible. Sur un autre registre, les spatialités multiples des diasporas réinterrogent elles la définition des univers culturels et leurs pouvoirs et échelles de configuration collective ou sociétale, des articulations qui sont au fondement théorique des approches sensorielles. Citons encore les espaces urbains métropolitains, équipés, outillés avec des objets numériques qui sentent, communiquent, et mémorisent, produisant des sensibilités nouvelles comme des formes d'inquiétudes, par exemple sur la gouvernementalité par les algorithmes. Bien d'autres bouleversements pourraient être évoqués où le corps sous de multiples aspects est engagé dans les différentes « transitions », donnant à l'approche par les sensibilités une acuité nouvelle. Nous voudrions détailler trois lignes de force pour penser les transformations de la condition sensible contemporaine.

Mobiles, situés en de multiples lieux et connaissant différents états et formes de présence, les morts sont un objet propice pour des approches multi-situées. Cet article revient sur une recherche conduite sur les rapatriements des morts qui, du fait de son objet et de la méthodologie déployée, est pertinente pour questionner les potentiels des approches multi-situées. En quoi cette recherche peut-elle être définie comme multi-située ? En quoi contribue-t-elle à la discussion théorique ou conceptuelle sur l’enquête multi-située ? L’article définit tout d’abord l’objet de la recherche qui repose sur la mise en relation, puis analyse les résultats relatifs à la thématique morts et migrations liés à son caractère multi-situé. Enfin, il montre comment cette enquête amène le chercheur jusqu’aux plateaux de théâtre ; ainsi, le déplacement du regard, recherché dès l’origine de l’enquête, va jusqu’à déplacer la nature de l’enquête et l’écriture elle-même.

Dans quelle mesure l’expérience des espaces publics urbains peut-elle se comprendre comme une expérience atmosphérique qui met les corps humains en prise avec les transformations environnementales contemporaines ? À partir d’itinéraires avec des asthmatiques et/ou des allergiques, soit des individus hypersensibles à la respiration, cet article expose les premiers résultats d’une enquête qui vise à expliciter les manières dont les habitants se saisissent des conditions et des matérialités d’airs à l’heure de l’Anthropocène. Ce travail d’enquête est étroitement articulé à l’expérimentation d’une cartographie comme possible outil critique des mutations des espaces publics contemporains.

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