Des révisions récentes des recommandations d’apport alimentaire en phosphore (P) ont été publiées tant en France qu’à l’étranger (USA, Pays-Bas, Pays nordiques...). Toutes convergent vers une réduction de l’ordre de 15 % de l’apport alimentaire de P. Après en avoir rappelé les bases, cet article analyse les conséquences de l’application de ces Apports Journaliers Recommandés (AJR) qui doivent permettre une réduction substantielle des rejets en P dans les élevages de ruminants. La réduction de l’apport alimentaire associée à des différences de vitesse de solubilisation de P dans le rumen selon les aliments réactualise l’étude de la couverture des besoins en P des micro-organismes, principalement de ceux des bactéries. Les résultats disponibles ne montrent pas de modification notable de l’activité fermentaire dans des conditions de production salivaire (prise alimentaire et rumination) normales. Une attention particulière doit être portée à l’évaluation de l’apport alimentaire réalisé par les rations, en particulier leur fraction fourragère ; la réduction des AJR et une surestimation de l’apport effectif de P constituent un risque important de situations carentielles. Il n’y a pas lieu de modifier les pratiques de complémentation minérale des rations, le choix de l’Aliment Minéral (AM) et la quantité à distribuer quotidiennement doivent être établies selon la même démarche que précédemment. Dans ce domaine, il faut se garder de simplifications extrêmes (par exemple réduire de moitié la quantité d’AM distribuée habituellement) qui conduiraient à une correction nettement insuffisante des rations de base pour les autres éléments minéraux et pour les vitamines. Pour répondre pleinement à leur objectif de réduction des rejets en P dans le respect des performances et de la santé des animaux, les AJR doivent donc être appliqués sur une base rationnelle.
scite is a Brooklyn-based organization that helps researchers better discover and understand research articles through Smart Citations–citations that display the context of the citation and describe whether the article provides supporting or contrasting evidence. scite is used by students and researchers from around the world and is funded in part by the National Science Foundation and the National Institute on Drug Abuse of the National Institutes of Health.