Ce dossier se situe à la croisée de deux mouvements récents qui traversent la science politique française. Le premier tient au constat que l'étude des partis politiques s'est largement transformée ces dernières années. D'abord, cet objet « canonique » a fait l'objet d'une attention renouvelée, et en particulier un nombre important de thèses, récemment soutenues ou en cours, y sont consacrées. Ensuite, ces travaux, émanant donc pour une large part de jeunes chercheur(se)s, ont pour point commun de s'appuyer sur des enquê-tes, entendues au sens large comme des méthodes de production de données originales, que celles-ci soient qualitatives (par observations et entretiens) ou quantitatives (passation de questionnaires auprès d'adhérents d'un parti politique, par exemple). Cette multiplication de travaux empiriques sur les partis permet une confrontation des expériences d'enquête, afin de réfléchir collectivement à ces pratiques de recherche, pour elles-mêmes mais aussi pour ce qu'elles nous apprennent de l'objet de recherche parti politique. C'est ce double intérêt qui est à l'origine de ce dossier, en écho au mouvement récent portant la science politique française à accorder de l'importance et du crédit à la réflexivité méthodologique, sous l'effet notamment du décloisonnement disciplinaire en sciences sociales 1 . L'impératif réflexif s'impose donc également aux spécialistes des partis qui s'interrogent sur les conditions pratiques de leurs enquêtes.Ce renouvellement de l'étude des partis politiques a accentué le déca-lage entre les recherches françaises et celles publiées en langue anglaise. Alors que les premières se sont appuyées sur des enquêtes dont beaucoup
Résumé Cet article traite des problèmes de méthode posés par les enquêtes ethnographiques réalisées dans les partis politiques et en particulier auprès de leurs dirigeants. À partir d’une recherche de sociologie politique sur les dirigeants du Parti socialiste (1993-2007), il montre, contre les mises en garde méthodologiques usuelles, la faisabilité de ce type d’enquête ainsi que son utilité pour renouveler la réflexion sur les élites partisanes. Cette approche incite notamment à envisager sous un angle nouveau l’exercice du pouvoir, en insistant sur les distinctions internes au groupe dirigeant et sur les contraintes culturelles qui pèsent sur ce dernier.
Résumé Depuis les travaux de l’école élitiste, les partis et a fortiori leurs dirigeants sont souvent étudiés en fonction de relations hiérarchiques d’autorité, elles-mêmes contraintes par la quête du pouvoir. Or, l’étude de ces dirigeants gagnerait à porter davantage sur les relations existant entre « pairs » au sommet des organisations. En se fondant sur l’exemple du Parti socialiste, cet article fait ainsi appel à la notion de collégialité empruntée à la sociologie des organisations pour rendre compte de la tension entre égalité formelle et différenciations entre dirigeants. Ces relations conditionnent en effet leurs activités : négociation, délibération, décision.
L’analyse des partis politiques suscite depuis le début du xx e siècle une littérature foisonnante et diversifiée. Cet article donne un aperçu des évolutions récentes de cette littérature en science politique, en revenant sur les dynamiques qui affectent ses grandes traditions d’analyse (entrepreneuriale, organisationnelle, sociétale) et sur l’apparition de nouveaux « objets partisans » qui invitent à l’hybridation des perspectives et des méthodes.
Résumé Malgré des héritages divergents en matière d’organisation et de représentations de la démocratie interne, le parti socialiste français et le parti travailliste britannique ont entrepris simultanément au début des années 1990 des réformes similaires. Visant à moderniser et démocratiser les partis, ces mesures ont permis une individualisation du vote des adhérents pour la sélection de leurs dirigeants, une féminisation des instances nationales, et l’introduction de procédures délibératives pour l’élaboration des programmes. La comparaison montre cependant que si ces réformes n’ont pas nécessairement abouti à un rééquilibrage du pouvoir interne en faveur des simples adhérents, elles ne peuvent qu’être interprétées de manière distincte, en fonction de l’inscription des groupes dirigeants dans des systèmes politiques spécifiques, des investissements différenciés par les dirigeants au sein de ces instances suivant leurs ressources politiques, et des conceptions différentes de leur travail de représentation.
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