Résumé Cet article s'intéresse aux rapports de genre qui se jouent aujourd'hui autour de l'usage du préservatif masculin. Il s'appuie sur des entretiens auprès d'hommes et de femmes diplômé·e·s de 20 à 35 ans ayant des rapports hétérosexuels et sur des données quantitatives issues de l'enquête FECOND (2010, Inserm/Ined). L'article revient d'abord sur la diffusion progressive de « l'évidence du préservatif » dans la société française. Il montre ensuite que, dans la majorité des situations, les femmes ont aujourd'hui la charge aussi bien logistique que « mentale » du préservatif. Ainsi, c'est désormais aussi bien la contraception que la protection qui est du ressort féminin. Mais les rapports de genre transparaissent également lorsque l'on s'intéresse à l'utilisation même du préservatif au cours de l'acte sexuel (masculinité technique, féminité sanitaire). Cet objet semble ainsi être un bon révélateur des représentations genrées de la sexualité qui prévalent aujourd'hui encore, ainsi que des doubles injonctions faites aux femmes.
Bien que très peu pratiquées, les méthodes de contraception dites « naturelles » suscitent aujourd’hui un intérêt encouragé par les associations les promouvant. Cet article examine le recours contemporain à ces méthodes à partir d’entretiens avec des utilisatrices et en s’appuyant sur l’ethnographie en ligne de sites et forums qui leur sont consacrés. L’examen de leur histoire et de leur implantation dans l’espace social montre que la « nature » qu’elles promettent est en fait réservée à certaines femmes. L’étude de leur place dans le paysage contraceptif français, où elles répondent à une volonté plus générale de certaines femmes de « se libérer des hormones » et de mieux se connaître, mais aussi d’améliorer la répartition de la charge contraceptive dans le couple hétérosexuel, témoigne que cette pratique est très axée sur l’essentialisation du corps féminin et de rôles de genre selon lesquels la femme reste assignée au travail procréatif.
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