L’article interroge les modalités de prises de parole profanes autour de l’actualité sur Facebook et le rôle du genre dans la différenciation de l’expression politique. Dans la filiation d’une mise à distance historique des femmes, ces dernières sont sous-représentées dans l’espace public électronique. Or elles ont massivement investi Facebook, initialement conçu et adopté pour l’usage privé. Nous montrons que l’informalité des échanges sur ce dispositif favorise le commentaire des hommes et des femmes dans des régimes de parole communs sur les pages médias de ce réseau social. Nous assistons à une communication autour du politique moins systématiquement genrée que celle repérée dans les espaces spécifiquement dédiés à la parole publique.
La propagation en ligne des « théories du complot » est au cœur de vives inquiétudes. Ce phénomène est souvent imputé à une jeunesse défiante, essentiellement issue des milieux populaires et plongée dans une contre-culture propre à l’internet et aux réseaux socio-numériques. Pourtant, le nombre de recherches empiriques sur ces questions est assez limité dans l’Hexagone. À partir d’une immersion en ligne sur trois pages Facebook de médias qualifiés de « conspirationnistes » (Égalité et réconciliation, Réseau international, Russia Today France), nous analysons les modalités de mise en discussion des discours complotistes. Les commentaires, essentiellement polémiques, confirment le recours à une certaine doxa conspirationniste qui dénonce les élites classiques du complotisme. Toutefois, la comparaison de la participation sur les trois pages étudiées permet d’accéder à l’hétérogénéité du phénomène. De plus, en nous appuyant sur les entretiens réalisés avec un échantillon de commentateurs de ces pages, nous décrivons des modalités d’adhésion au complotisme complexes, resituées dans les parcours biographiques, les rapports aux médias et au numérique des individus.
This article aims, firstly, to question Facebook's power to orient action. This power is part of a regime of governmentality that operates on both economic and algorithmic levels and is exercised over diverse socio-economic players in the information and advertising market. This regime of digital governmentality coincides with a trend toward "media formatting" and with the rise of a marketing logic in the media space. Secondly, based on new analysis of data from two research projects on the use of news and media on the platform, we show how Facebook takes part in the "government of Internet users' (participative) conduct".
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