IntroductionLa liaison a déjà fait l'objet de nombreuses études dans le domaine de la phonologie mais ce n'est que récemment que l'on s'est intéressé à son acquisition (pour un bilan général Chevrot, Fayol & Laks, 2005).Les nouvelles avancées concernent notamment l'élaboration de scénarii développementaux impliquant la liaison et la segmentation des mots chez l'enfant (Wauquier-Gravelines & Braud, 2005 ;Chevrot, Dugua & Fayol, 2009). Lorsqu'il apprend les liaisons, l'enfant francophone n'a d'autre choix que de construire cet apprentissage sur l'analyse des flux de parole continue et variable qui l'environnent. Cette analyse le place dans une contradiction. D'un côté, puisque la consonne de liaison est enchaînée au mot de droite, elle forme une syllabe CV -Consonne-Voyelle -à l'initiale de ce mot : "les amis" est perçu comme /le.zami/. Cependant cette syllabation crée une disjonction entre césure lexicale et frontière syllabique puisque, dans /le.zami/, la frontière entre le mot1 et le mot2 est après le /z/ alors que la frontière syllabique est avant le /z/. Dans ce cas, l'enfant va privilégier la césure syllabique et attacher la consonnede liaison au mot2. D'un autre côté, l'enfant remarque que l'initiale du mot2 est conditionnée par le mot1.En effet, la nature phonétique de la consonne de liaison (/n/, /z/ ou /t/) est déterminée par le mot1 « comme si elle lui appartenait » (Tranel, 2000) (la forme /n/ suit le déterminant "un", /z/ suit "deux", /t/ suit "petit", etc). L'enfant va donc percevoir un lien entre la consonne de liaison et le mot de gauche.Précocement, l'acquisition de la liaison est donc influencée par deux tendances qui peuvent sembler contradictoires : la syllabation avec le mot2 qui l'attire vers la droite et la détermination de sa nature (1996), « (cette écriture) se fonde sur une analyse très précise de la phonologie de la langue, et (sa)précision, sa parfaite adéquation à la langue coréenne, font que le han'gûl est souvent présenté comme le meilleur alphabet du monde. » On peut donc supposer que les apprenants seront tentés de s'appuyer sur les valeurs phonographiques de base des graphèmes du français puisqu'ils considéreront la forme graphique comme un guide sûr pour prononcer la prononciation. Ils devraient tenter par exemple de faire la liaison en prononçant /grãdɔm/ au lieu de /grãtɔm/ pour "grand homme", /lesami/ au lieu de /lezami/ pour "les amis" ou /bɔñami/ au lieu de /bɔnami/ pour "bon ami". En outre, il semblerait qu'en coréen L1, Dans un cadre psycholinguistique, quelques études se sont intéressées à l'influence de la liaison sur la reconnaissance des mots. Matter (1986) a ainsi montré que si la liaison ne retarde pas la reconnaissance des mots, ni chez des locuteurs natifs ni chez des apprenants hollandais, ce n'est pas le cas pour la liaison potentielle, où la consonne de liaison induite par le mot1 concorde avec la consonne initiale du mot2, comme dans "un petit tableau", qui amène une ambiguïté quant au mot de droite (il peut commencer par /ta/ ou /a/).Dejean de la Bâtie & Brad...