Depuis 1980, la Colombie est à nouveau le théâtre d'une violence d'une exceptionnelle intensité. Le taux national d'homicides y dépasse régulièrement 70 pour 100.000 habitants, un des taux les plus élevés au monde. Dans certaines régions ou villes du pays, le taux atteint 400 pour 100.000. De 1980 à 1995, le bilan des victimes s'élève à plus de 300.000 1 , Les massacres collectifs de cinq personnes ou plus sont innombrables. Pour les seules années 1988-1993, on en compte près de 900 qui ont fait plus de 5.000 victimes 2. Bien d'autres indicateurs vont dans le même sens. Les militants politiques et syndicaux assassinés se comptent par milliers. Un parti politique, l'Union Patriotique (UP), a été décimé 3 et pratiquement rayé de la carte. Le nombre des enlèvements officiellement recensés oscille depuis 1990 entre 1000 et 1717, record atteint en 1991. Plus de 500.000 personnes ont dû abandonner leur région d'origine. Les pratiques de racket et de chantage, sous les formes les plus diverses, sont devenues routinières sur une grande partie du territoire. Semblable violence se traduit dans maintes zones rurales et urbaines par des situations de terreur. C'est notamment le cas là où plusieurs forces se disputent un même territoire, le Moyen Magdalena et la région d'Urabá par exemple. Massacres, exodes, exactions, atrocités, peur, suspicion ne cessent d'y être à l'ordre du jour, affectant une population civile soumise à la loi du silence. Les années 1987-1993 ont été de surcroît marquées par le terrorisme, aveugle ou ciblé, mis en oeuvre par les narcotrafiquants et les forces obscures alliées avec eux. L'on ne peut donc que s'étonner qu'un tel état de choses ne donne pas lieu à plus de réactions de l'opinion colombienne ou internationale. Certains événements ont eu sans doute un retentissement considérable, tels les assassinats de dirigeants politiques de premier plan ou certains massacres particulièrement meurtriers. Mais ce retentissement n'est que fugace et l'on ne voit pas que la situation d'ensemble donne lieu à une indignation comparable à celle qu'ont suscitée les atrocités en Argentine, au Guatemala ou au Salvador.
La violencia en Colombia está acompañada, cada vez con mayor frecuencia, de prácticas de terror, que se traducen, entre otras cosas, en desplazamientos masivos de la población. Por lo general, estas prácticas se analizan sobre la base de las estrategias de los actores armados, con énfasis en asuntos como la territorialización, los cálculos temporales o la imposición de sentido. Este artículo pretende analizar, más bien, el impacto del terror sobre las representaciones de la población afectada sostiene que es preciso invertir los conceptos anteriores, pues lo que se impone son procesos de desterritorialización, de ruptura de los referentes temporales y de disociación de la subjetividad. Tal estado de cosas se relaciona con el hecho de que, en su inmensa mayoría, la población civil se ha vuelto rehén de los actores armados.
scite is a Brooklyn-based organization that helps researchers better discover and understand research articles through Smart Citations–citations that display the context of the citation and describe whether the article provides supporting or contrasting evidence. scite is used by students and researchers from around the world and is funded in part by the National Science Foundation and the National Institute on Drug Abuse of the National Institutes of Health.