Depuis les années 1980, les syndicats locaux doivent souvent gérer les compressions demandées par la partie patronale lors des rondes de négociation. Disposant de très peu de marge de manoeuvre dans sa négociation, le syndicat se voit contraint de choisir entre une précarité généralisée et une précarité réservée à un groupe de travailleurs. Il en arrive à faire des compromis qui l’amènent à devenir un vecteur d’inégalités économiques et sociales, plutôt qu’un moteur d’amélioration des conditions des travailleurs. Les diverses clauses de disparité de traitement confèrent des droits et des avantages différents à certaines catégories de salariés travaillant pour un même employeur, que ce soit en raison de leur statut d’emploi (Bernier, 2011), de leur affiliation syndicale ou de leur date d’embauche (Côté, 2008). L'objectif principal de cette étude est de traiter des conséquences qu'ont eu la présence de ces clauses « orphelins », ainsi que leur contestation, sur les deux syndicats locaux étudiés. Également, nous souhaitons fournir des pistes de réflexion quant à ses impacts sur le collectif syndical. En effet, nous avons observé, chez les deux syndicats étudiés, que l'on refuse de considérer la double échelle salariale comme étant de la discrimination, et ce, pour deux principales raisons. D'abord, les exécutifs locaux sont peu familiers avec la notion de discrimination. Leurs connaissances se limitent souvent à la discrimination directe, alors que les plaignants allèguent une discrimination indirecte désavantageant les salariés les plus récemment embauchés, et donc plus jeunes. Secundo, les syndicats ne se reconnaissent aucune part de responsabilité dans l'entente intervenue en raison du contexte économique et juridique de la négociation et des fortes pressions exercées par l'employeur. En conclusion, nous aborderons les différents effets de la négociation de clauses « orphelins », soit la persistance des inégalités et la difficulté de mettre en oeuvre la norme d'égalité en milieu syndiqué.
Tous droits réservés © Approches inductives, 2018Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter en ligne.https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit.Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l'Université de Montréal, l'Université Laval et l'Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. Résumé de l'article À partir de notre recherche doctorale, nous entendons montrer comment nous avons mobilisé les écrits scientifiques tout au long de la démarche et sommes demeurée disponible à ce que les données de terrain nous suggéraient. La recherche dont il est question a étudié les effets conséquents de la mise en oeuvre du droit à l'égalité dans les milieux syndiqués. À la lumière des écrits spécialisés sur le sujet, notre recherche se concevait comme étant à la fois multidisciplinaire, appliquée, qualitative, inductive, descriptive et explicative. Pour répondre aux objectifs de la thématique du numéro de la revue, la description de l'opérationnalisation concrète et contextualisée de l'ensemble de la démarche de recherche précisera le cheminement et l'utilité de la recension des écrits, de même que les écueils rencontrés. La discussion se fera autour du processus de la mobilisation des écrits scientifiques, laquelle a été réalisée en continu, notamment à cause de l'aspect sociojuridique de l'étude. Nous conclurons que notre démarche, s'inscrivant dans le courant de nombreux types de recherches inductives, met en lumière comment le fait de laisser place aux données recueillies permet de prendre du recul et de s'affranchir de certains courants théoriques existants dans un domaine d'étude.Approches inductives 2018, Vol. 5, n o 1, pp. 11-36. ____________________________________________________________________ RésuméÀ partir de notre recherche doctorale, nous entendons montrer comment nous avons mobilisé les écrits scientifiques tout au long de la démarche et sommes demeurée disponible à ce que les données de terrain nous suggéraient. La recherche dont il est question a étudié les effets conséquents de la mise en oeuvre du droit à l'égalité dans les milieux syndiqués. À la lumière des écrits spécialisés sur le sujet, notre recherche se concevait comme étant à la fois multidisciplinaire, appliquée, qualitative, inductive, descriptive et explicative. Pour répondre aux objectifs de la thématique du numéro de la revue, la description de l'opérationnalisation concrète et contextualisée de l'ensemble de la démarche de recherche précisera le cheminement et l'utilité de la recension des écrits, de même que les écueils rencontrés. La discussion se fera autour du processus de la mobilisation des écrits scientifiques, laquelle a été réalisée en continu, notamment à cause de l'aspect sociojuridique de l'étude. Nous conclurons que notre démarche, s'...
Mots clésRévolution 4.0, portrait générationnel, disparité, marché du travail, syndicat Droits d'auteurCe document est en libre accès, ce qui signifie que le lectorat a accès gratuitement à son contenu. Toutefois, cette oeuvre est mise à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution (CC BY NC). Résumé (250 mots)Pour ce numéro thématique, les éditeurs nous posent cette question : « création de milieux de travail centrés sur l'humain ou essoufflement des travailleurs? » Pour y répondre, nous avons choisi d'aborder les défis concernant le travail et l'emploi pour la prochaine décennie, avec l'avènement de la révolution 4.0, ayant comme objectif de répondre à la question suivante : « Et si la révolution 4.0 s'avérait la période de retour du pendule pour les travailleurs du XXI e siècle? » Le discours sera articulé autour de trois enjeux reliés à la gestion des ressources humaines. Le premier, la réalité démographique, le deuxième, un besoin d'investissement et de formation et le troisième, le coeur de cet article, que le climat politique aura vraisemblablement une incidence sur la gouvernance nationale, régionale et locale, qui elle-même aura des impacts sur l'organisation du travail qui se reflèteront sur l'humain et son rapport au travail. Nous conclurons que la capacité d'agir des travailleurs et travailleuses et leurs représentants passera nécessairement par un diagnostic partagé sur la nature des problèmes et des solutions. Tout ce que l'on négociera tant avec l'employeur que les différentes instances politiques sera tributaire de la volonté de chacune des parties, à tout le moins de leur capacité à s'écouter et à se respecter. AbstractFor this special theme issue, the editors ask, "the creation of human-centred workplaces or workers running out of breath?" To answer this question, we chose to discuss the challenges related to work and employment over the next decade with the arrival of the industrial revolution 4.0, also known as Industry 4.0. We have the goal of answering the following question: "And what if Industry 4.0 proves to be a period where the pendulum swings back in favour of workers in the 21 st century?" Our discussion of this question is organized around three challenges related to the management of human resources: the demographic reality, the need for investment and training, and, at the heart of this paper, that the political climate will likely influence national, regional, and local governance. This governance will affect workplace organization, in turn impacting people and their relationship to work. The ability of workers and their representatives to act requires a shared diagnosis of the nature of problems and solutions. All that will be negotiated, as much as with employers as with the various political entities, will depend on the willingness of each of the parties to be able to listen to and respect each other.
Tous droits réservés © Université du Québec en Outaouais, 2017 Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter en ligne.https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit.
Cet article présente un cas de mobilisation contre les discriminations systémiques envers des travailleuses procurant des services d’assistance aux personnes (en anglais, care-workers), en grande majorité Noires et Haïtiennes, qui occupent des emplois aux normes dégradées dans des agences de placement fournissant du personnel pour un seul organisme parapublic. À l’intersection des mutations en cours dans la gestion de la main-d’oeuvre et de la réorganisation de la prise en charge des services d’assistance aux personnes, ce cas est représentatif de la façon dont se redessinent les frontières de la relation d’emploi. Les travailleuses mobilisées étant syndiquées, il permet aussi d’explorer un éventail d’attitudes syndicales.Une stratégie syndicale prédomine : elle consiste à défendre ou gérer la négociation collective institutionnalisée. Elle est encouragée par un ensemble d’institutions qui produisent des constructions contradictoires des enjeux d’égalité et du problème des discriminations. Si ces arrangements institutionnels ouvrent une brèche aux « innovations » patronales et confortent l’adoption de stratégies syndicales visant à préserver la relation bilatérale d’emploi, cet article soutient que cette stratégie est aussi symptomatique de la vision moniste avec laquelle les syndicats abordent l’effritement du modèle dominant de la relation d’emploi, en le réduisant aux conflits d’intérêts entre employeurs et travailleurs. Or, cet effritement est aussi le résultat des réorganisations mutuelles et réciproques des différentes formes sociales de division du travail entre classes, sexes et races. Mais en ne s’interrogeant pas sur ce qui a fondé le compromis de la société salariale, soit la minoration ou l’exclusion de groupes de populations de la norme d’emploi à temps plein et permanent, les syndicats accordent la priorité à des stratégies qui participent, comme l’illustre le cas choisi, si ce n’est à la création de normes discriminatoires, du moins, à la légitimation de frontières entre ceux qui ont accès à des emplois de qualité et les autres.This article presents a case of mobilization against the systemic discrimination of care workers, the great majority of whom are woman, black and Haitian, and who occupy jobs with degraded standards in employment agencies that supply workers to one sole parapublic organization. At the intersection of the ongoing changes in workforce management and the reorganization of care management, this case is representative of how the boundaries of the employment relationship are presently being redrawn. As the mobilized workers are unionized, the case also allows us to explore a range of union attitudes.A trade union strategy predominates: it consists of defending or managing collective bargaining. It is comforted by a set of institutions th...
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