Palerme est une ville marquée par l’illégalité, criminelle ou non, et par d’importants dysfonctionnements institutionnels : clientélisme des autorités municipales, faible efficience des administrations. Cet essai, qui traite de la gestion et de l’aménagement de la ville de Palerme depuis la fin du second conflit mondial, révèle les complexités des mécanismes à l’œuvre dans l’espace urbain, à l’origine de la dégradation du territoire et des conditions de vie des habitants. L’auteur met en relation deux champs de recherche.
Le premier a trait à la culture politique des autorités municipales : une culture faite de pratiques, d’usages et de représentations, mais aussi de rapports au territoire, aux administrés et au bien commun.
Le second concerne les politiques mises en œuvre par ces mêmes autorités et les techniques de gouvernement auxquelles elles ont recours. Appréhendée dans son quotidien comme dans ses grandes évolutions, la ville fait l’objet dans cette étude d’une approche globale. L’action des pouvoirs publics est abordée à l’aune des politiques d’urbanisme et, plus largement, des services urbains (eau, déchets) et des différentes interventions qui façonnent le territoire. Contribution importante à la connaissance des réalités de l’Italie contemporaine et plus particulièrement du Mezzogiorno, l’ouvrage livre de nombreuses clefs de lecture d’une ville qui étonne et déroute les visiteurs. Au-delà, cet essai formule, à partir du cas de Palerme, des pistes de recherche pour l’étude d’un modèle de gouvernement urbain méridional en Italie.
Cette contribution propose, à partir d’une étude empirique traitant de la mise en marché de l’incinération des déchets en Sicile au cours de la décennie 2000, une analyse des pratiques officieuses dans les processus décisionnels au niveau de l’État, et de la manière dont l’idée de bien commun peut être instrumentalisée et confisquée à des fins privatives par les dépositaires du pouvoir. Sur la base des éléments recueillis au cours de l’enquête, qui laissent apparaître une entente en cartel entre les entreprises adjudicataires avec la complicité de responsables politiques et administratifs régionaux, nous faisons l’hypothèse d’une privatisation de l’État au sens d’appropriation et de détournement par des acteurs publics de la symbolique étatique et de l’appareil administratif à des fins privatives. La fiction du bien commun et la parole d’État sont utilisées pour que des intérêts individuels deviennent les intérêts de l’État. Cette appropriation personnelle de l’institution étatique crée une situation de dédoublement politique entre un registre formel et un registre informel ; c’est dans ce dédoublement que s’élabore l’action publique et se construit l’État au quotidien. L’accent sera particulièrement mis sur la manière dont le droit est mobilisé pour mettre en œuvre des transactions informelles dans un espace social où les décisions des autorités et des administrations sont soumises à des procédures de publicisation et de contrôle.
Les difficultés avec lesquelles Naples et d'autres villes de Campanie se débattent au quotidien pour la gestion de leurs déchets, sont rencontrées par toutes les régions italiennes. Si la situation n'atteint pas un niveau aussi dramatique en Sicile, c'est que l'état d'urgence a été proclamé dès 2000. La rationalisation de la gestion se heurte à une forte résistance des populations locales, qui ne comprennent pas notamment qu'elles doivent prendre en charge le nettoiement des déchets produits par les touristes qui font vivre le pays. A la vue de ceux-ci il faut pourtant épargner la vue et l'odeur des décharges en plein air, qui reste le mode de traitement très largement dominant.
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