Si la presse contribue à relayer l’information sportive, elle représente aussi un outil communicationnel efficace permettant de façonner l’image sociale des activités physiques. La position du journal L’Auto est à cet égard particulièrement intéressante. Fondée par les fleurons de l’industrie automobile du début du XX e siècle, la ligne éditoriale développe une vision compétitive des activités physiques à l’image du jeu de concurrence inhérente à la logique capitaliste. Dans le cas particulier du tennis de table, les enjeux économiques et éditoriaux du quotidien incitent à exhiber l’activité dans ses deux représentations – de jeu de divertissement ou de sport moderne de compétition – dans le but de conquérir un nouveau lectorat et de s’ouvrir à un nouveau domaine sportif. Malgré les efforts des rédacteurs, le tennis de table ne réussit pas à s’extirper de son image de divertissement sportif, devenu alors un phénomène de consommation individuel dans les années 1930.
À travers l’exemple du cross-country en France entre 1907 et 1924, cet article se propose d’analyser les rouages d’une communauté émotionnelle singulière au sein de laquelle la socialisation des athlètes s’opère par l’effort éprouvé. Les plaisirs de la pratique en pleine nature l’hiver représentent un rite de consécration essentiel pour accéder à la communauté. Une fois intronisés, les néophytes apprennent à interpréter leurs sensations grâce aux conseils avisés des plus anciens qui mènent l’allure des pelotons, corrigent les imperfections techniques et refrènent l’ardeur des plus fougueux. Ce fonctionnement communautaire se retrouve néanmoins menacé par la dynamique de mise en spectacle du cross-country menée par la Fédération française d’athlétisme au cours des années 1920.
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