Jean-Yves Frétigné, Du sicilianisme à l'histoire de la Sicile, p. 853-875. L'histoire du mezzogiorno italien a été très longtemps étudiée au travers du prisme du méridionalisme. Depuis les années 1970, un profond renouveau historiographique permet de connaître le Mezzogiorno réel, au-delà de sa représentation/déformation par les méridionalistes. Ce renouveau a été particulièrement important pour l'histoire de la Sicile. La représentation d'une Sicile intemporelle et immobile, où «l'histoire est quasi pétrifiée dans la nature» (Giarrizzo) est encore très vivace dans les esprits. L'idéologie sicilianiste au service du baronnage a su créer l'illusion d'une particularité irréductible de l'île. Quant aux écrivains siciliens des XIXe et XXe siècles, ils ont beaucoup contribué à diffuser l'image de la Sicile comme terre de non-histoire ou du moins comme terre marquée par une histoire difficile, spéciale et différente. Depuis plus de vingt ans, une nouvelle génération d'historiens tord le cou à ce stéréotype de la Sicile où depuis l'Unité tout aurait changé pour que rien ne change.

Jean-Yves Frétigné, L'émigration méridionale de 1901 à la Grande guerre : enjeux démographiques et politiques dans l'œuvre de Napoleone Colajanni, p. 291-316. L'émigration des Italiens méridionaux de 1900 à 1914 atteint des records. Elle devient un enjeu politique majeur, d'autant plus que les progrès de la statistique en permettent une connaissance précise. Colajanni mobilise toute sa culture politique sur ce thème. Comme statisticien-démographe, il restitue l'émigration dans le mouvement général de la croissance des villes et l'interprète à l'aune du malthusianisme. Comme méridionaliste, il y décèle à la fois le symptôme de la misère et son principal remède. Comme sociologue criminaliste, il récuse méthodiquement l'assimilation émigrés/délinquants et il pousse les autorités de son pays à conduire une politique d'alphabétisation afin que l'italianité rayonne de par le monde. Enfin comme député réformiste séduit par la politique giolittienne, il souscrit à l'idée que l'émigration joue le rôle salutaire de «soupape de sécurité».

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La première partie de cet article a pour ambition de présenter les enjeux intellectuels et politiques autour de la naissance difficile de l’Office et du Conseil supérieur du travail italiens. Après avoir examiné en détail la philosophie, emprunte de culture positiviste progressiste, et les objectifs plus directement politiques de la proposition de loi des députés Colajanni et Pantano visant à instituer un Office du travail en Italie et après les avoir comparés avec le projet de loi défendu par Zanardelli, nous avons analysé les débats parlementaires opposant sur ce thème les conservateurs et les socialistes. Dans la seconde partie de notre article, nous avons étudié les réussites et les limites de l’Office et du Conseil supérieur du travail qui sont deux organismes étatiques importants et trop peu connus qui ne parviennent pas à créer, comme le souhaite G. Martini le premier directeur de l’Office du travail, une démocratie industrielle mais qui contribuent à la modernisation contrariée et difficile mais non moins réelle de l’Italie à l’époque giolittienne.