La recherche française contemporaine sur le journalisme suit deux tendances principales : une institutionnalisation sur le modèle des journalism studies aux États-Unis et un usage routinier d’analyses de contenus, peu ajustées aux exigences du métier de sociologue à partir du moment où elles s’autonomisent des méthodes d’enquête principales de la discipline. Dans ce contexte, cet article plaide pour une réinscription des données empiriques produites sur le journalisme dans une sociologie de la production des biens symboliques, et, au-delà, dans une théorie générale du social. Plus spécifiquement, les auteurs proposent un programme de recherche articulé autour d’une cartographie du champ journalistique et de l’analyse de ses relations avec les autres composantes du champ du pouvoir.
L’étude du fonctionnement des agences de presse audiovisuelle et des sociétés de production qui travaillent comme sous-traitants des magazines de reportages de la télévision française offre une perspective inédite pour saisir les transformations induites par l’emprise croissante des logiques économiques sur l’espace journalistique. Basée sur un corpus de reportages, une quarantaine d’entretiens avec des professionnels et trois ethnographies en agences, cette recherche replace d’abord le développement de ces émissions et de l’externalisation des productions dans l’évolution des rapports de concurrence liée à la libéralisation du secteur de l’audiovisuel. Elle précise ensuite comment la dépendance aux diffuseurs et l’impératif de rentabilité des sous-traitants se réfractent dans l’organisation du travail et l’ajustement des dispositions professionnelles. Enfin, l’analyse pointe les effets paradoxaux sur les représentations et les conditions de travail de la diversification de ces agences dans la production de programmes longs et de documentaires, y compris pour les plateformes SVOD.
Résumé Souvent montrés du doigt pour l’aspect « racoleur » ou « stigmatisant » de certains faits-divers, la presse locale et ses journalistes ont suscité de nombreux débats publics. À partir d’une immersion dans la rédaction d’un quotidien local, cet article défend l’hypothèse que pour comprendre « l’ethnicisation » des faits-divers, il convient de penser ensemble, dans un même mouvement, le jeu de contraintes économiques et techniques dans lequel s’exerce le travail journalistique. Il détaille les logiques du travail en rédaction, les logiques imposées par le marketing, l’influence des sources et les produits finis (articles ou reportages de radio ou de télévision) – qui déterminent le traitement médiatique des quartiers populaires et que nous pouvons, en tant que lecteurs, spectateurs ou chercheurs, découvrir sans rien connaître de la partie immergée de cet iceberg.
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