Créée le 21 janvier 2011 au lendemain d’émeutes survenues dans l’ensemble du pays, la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) appelle à un rassemblement des forces pour dénoncer la répression. Collectivement ou individuellement, formellement organisés ou non, un certain nombre d’acteurs se regroupent autour de cette initiative. De janvier à juin 2011, des centaines de personnes se rassemblent à plusieurs reprises à Alger pour réclamer la « chute du régime », bravant ainsi l’interdiction de manifester dans la capitale. Ces actions se heurtent à une faible mobilisation, qui contraste avec l’ampleur et la récurrence des protestations sectorielles. Au-delà des mesures mises en oeuvre par le pouvoir et malgré un faible engouement populaire, entretiens et observations in situ incitent à questionner les logiques et les dynamiques à l’oeuvre dans cette coalition inédite. Explorer les ressorts et les modalités pratiques de la convergence d’acteurs dont les divergences ont marqué les dernières décennies, puis les tensions qui traversent la coordination aide à mieux cerner les rapports de forces qui imprègnent l’espace contestataire. L’analyse des processus qui ont façonné la constitution, l’évolution puis le délitement de cette coalition permet alors d’éclairer les logiques de l’action collective contestataire en Algérie.
Cet article propose d’analyser la dynamique des mobilisations algériennes de 2011 au regard des logiques et des structures ordinaires de la contestation à l’œuvre depuis le début des années 2000. Expliquer d’abord de quoi sont faites habituellement les pratiques contestataires, puis privilégier une approche par le bas, permet de saisir les singularités de la situation observée en 2011. En effet, les émeutes de janvier sont suivies d’une multiplication rapide des actions de protestation, particulièrement visibles à Alger, où les manifestations sur la voie publique sont pourtant interdites. L’occupation des rues et places de la capitale et le rapprochement de certains groupes contestataires réclamant la chute du régime contrastent notamment avec la routine des mobilisations. Cependant, soit qu’elles apparaissent fragilisées par des clivages politiques anciens, soit qu’elles se limitent à des revendications de type sectoriel, les mobilisations ne durent pas et ne convergent pas. L’article suggère alors quelques pistes de réflexion pour comprendre la persistance des structures qui caractérisent ordinairement l’activité contestataire en Algérie.
En suivant à huit ans d’intervalle Lina et Riad, Layla Baamara donne à voir et à entendre le parcours de jeunes militant.es algérien.nes, leur désenchantement passé et leurs questionnements au moment de rejoindre les cortèges du Hirak. Les différences entre hier et aujourd’hui et les apprentissages qu’il.elle ont façonné au fil du temps les conduisent à se joindre aux mobilisés ordinaires pour exprimer leur contestation. Leurs discours et leurs pratiques aident à prendre la mesure du caractère révolutionnaire du mouvement, vu et vécu à hauteur d’individu.
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