Il n’est pas rare d’entendre des étudiants français affirmer que la prononciation de l’anglais est trop « difficile », trop « irrégulière », ou simplement trop « différente ». Ceci est confirmé au vu des notes de phonétique médiocres obtenues par bon nombre d’étudiants en licence d’anglais, la phonétique étant d’ailleurs considérée comme la matière la plus difficile par beaucoup. Pourtant, tous les êtres humains possèdent les mêmes organes vocaux, c’est pourquoi il serait faux de dire qu’il existe des sons imprononçables par les locuteurs de telle ou telle langue. Diverses raisons permettent d’expliquer les difficultés qu’ont les apprenants avec la prononciation de l’anglais, tant du point de vue segmental que suprasegmental. Cet article de synthèse se propose d’étudier les erreurs récurrentes de prononciation de l’anglais, grâce à une analyse des différences et difficultés auxquelles sont confrontés les apprenants francophones, dont les systèmes phonémique et prosodique présentent des divergences significatives avec la langue cible. La typologie des erreurs ainsi formée permettra de dresser une comparaison entre l’importance et le rôle des segments et des suprasegments dans l’intelligibilité du discours, problème encore peu exploré.
Dans un premier temps, cet article offre une réflexion sur la place accordée à la langue orale dans les programmes d’enseignement de l’anglais en France, ainsi que sur le (dés)équilibre entre segments – sons individuels – et prosodie – rythme, accentuation, intonation – au cours des dernières décennies. Dans un second temps, est présenté le compte-rendu d’une recherche sur la place de l’anglais oral. Grâce à diverses analyses, il a été possible d’établir le degré d’adéquation entre les Instructions Officielles du Ministère de l’Éducation et les pratiques en classe. Un effort de la part des professeurs d’intégrer l’oral à leur enseignement est observable. Pourtant, on constate un décalage au niveau de l’enseignement des segments et de la prosodie. Une analyse de programmes en licence d’anglais – formation suivie par une majorité de futurs enseignants – a permis de dégager les fortes différences entre universités concernant l’enseignement théorique du système phonologique anglais, mais également à nouveau une certaine tendance au déséquilibre entre niveau segmental et niveau suprasegmental. Une approche didactique mettant en avant la prosodie plutôt que les segments, comme préconisé par de nombreux linguistes et didacticiens est présentée.
In this study, we present a comparative corpus-based analysis of the English /s/ ~ /z/ voice contrast for learners of three L1s. Acoustic analysis of periodicity and duration for target segments confirms expectations based on L1 transfer and on the Markedness Differential Hypothesis. We found that, due to the absence of phonemic /z/ in Spanish, L1 Spanish learners exhibit great difficulty in producing voiced realisations for /z/, and more so in the (more marked) word-final position than in the (less marked) word-medial position. In contrast, L1 French and L1 Italian learners did not exhibit difficulties in reproducing the voicing patterns of English /s/ ~ /z/ neither word-medially nor word-finally, due to the existence of these sounds in their L1 (and despite differences in relative markedness for these two positions, especially considering that word-final /z/ does not exist in Italian). Finally, we observed the impact of orthography on the production of L1 French and L1 Italian learners, affecting the periodicity of /s/ and /z/ depending on spelling transparency.
Cette étude examine la règle d'assimilation progressive de voisement du -s morphémique final en anglais L2. Nous avons analysé les données du corpus IPCE-IPAC de productions orales d'apprenants en mesurant la périodicité de toutes les réalisations du -s morphémique et nous avons comparé trois groupes de locuteurs : 15 francophones natifs, 15 italophones natifs et 10 hispanophones natifs. En nous appuyant sur les distributions et sur le statut phonologique de [s] et [z] dans les L1 des apprenants, ainsi que sur le SLM (Speech Learning Model) et la MDH (Markedness Differential Hypothesis), nous avons émis l'hypothèse que les locuteurs francophones et italophones natifs seraient capables de reproduire la règle d'assimilation de voisement de l'anglais plus facilement que les apprenants hispanophones natifs. Nos prédictions ne sont que partiellement confirmées par les résultats obtenus : les apprenants francophones natifs (dont la L1 présente /s/ et /z/ en qualité de phonèmes en position finale) réussissent effectivement mieux à reproduire les schémas de périodicité. Cependant, les hispanophones natifs reproduisent la règle de voisement de manière plus fidèle que les italophones natifs. Nous comparons ces résultats avec notre étude précédente sur /s/ et /z/ non-morphémiques par les mêmes locuteurs et nous les discutons en relation avec la marque de ces deux sons. Nous proposons que l’opposition de voix entre /s/ ~ /z/ pourrait constituer une exception à la hiérarchie de la marque pour les contrastes de voix des consonnes obstruantes (début de mot < milieu de mot < fin de mot), où la position finale de mot ne se révèle pas plus marquée que les autres. De plus, les résultats de nos deux études révèlent des différences de voisement concernant les sibilantes morphémiques et non-morphémiques dans les productions d’anglais L2 (comme pour l’anglais L1). Cela pourrait avoir des répercussions sur les modèles d’acquisition de la phonologie des langues secondes, car ces modèles ne prennent actuellement pas en compte une interaction entre les sons d’une L2 et leur statut morphologique.
English, an international language, is widely taught and learnt as a foreign language in France. However, French learners face pronunciation difficulties, as the two languages differ both on the segmental level (i.e. individual sounds) and on the suprasegmental, prosodic level (i.e. stress, rhythm, intonation). It has been argued that focus on the prosodic features of the target language (L2) would improve learners’ oral skills. Nevertheless, very few studies have brought evidence of the greater role of prosody in the acquisition of a second or foreign language. The current study seeks to address this gap by directly comparing prosody-centred and segment-centred teaching to determine whether one approach is more effective than the other in the improvement of L2 oral perception skills. The study shows that both teaching approaches enabled French EFL learners to improve their perception skills; however, neither method proved to have a stronger impact, suggesting that both segmental and suprasegmental aspects should both be addressed in L2 teaching.
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