To cite this version:Mireille Bruyère, Laurence Lizé. Emploi et sécurité des trajectoires professionnelles : la nature de l'emploi détermine la sécurité des parcours professionnels. Economie et Statistique, INSEE, 2010, pp.95-113.
Les comparaisons internationales du contenu en emploi de la croissance et plus particulièrement de la productivité du travail au niveau macroéconomique font l'objet de nombreux débats. Pourtant, ces comparaisons soulèvent de nombreux problèmes méthodologiques. Le manque d'homogénéité des bases de données entre les pays et les problèmes de ruptures statistiques dans le cadre d'un même pays constituent un obstacle aux études comparatives et dynamiques. La multiplicité des sources et leur non-concordance sont également source de confusion. Ces problèmes se retrouvent au niveau des données les plus simples, telles que l'emploi et la durée du travail. Cet article se propose de montrer qu'une analyse systématique des sources statistiques et des méthodes permet d'identifier une grande partie des biais dont souffrent les comparaisons internationales de productivité horaire, tout particulièrement pour ce qui concerne la mesure de la durée du travail. Il tente également de réduire l'hétérogénéité des mesures du volume de travail, en proposant une évaluation de la durée de travail basée sur des concepts et une méthodologie aussi proches que possible. Enfin, il porte un regard critique sur l'indicateur de mesure de la durée effective du travail qu'il propose, en le confrontant à d'autres sources et en le replaçant dans le cadre des régulations nationales relatives au temps de travail. La comparaison concerne huit grands pays industrialisés (États-Unis, Japon, Allemagne, Espagne, France, Italie, Pays-Bas, Royaume-Uni) et se concentre essentiellement sur la mesure de la durée du travail des salariés. La période couverte porte sur les années 1983-1998, mais des tendances sur plus longue période (1970-1998) sont également dégagées. Si l'indicateur proposé modifie de manière assez substantielle certains niveaux de durée du travail, il ne bouleverse pas les hiérarchies habituellement utilisées. Au-delà des nombreuses réserves et imperfections de la démarche adoptée, son intérêt majeur est de déboucher sur des comparaisons internationales des durées annuelles effectives du travail certes fragiles, mais plus homogènes, d'insister sur le rôle joué par les modes de régulations nationaux dans la détermination de la durée du travail, mais aussi de mettre en évidence une divergence croissante entre perception individuelle et collective de la durée du travail, dans un contexte de mutation des modes d'organisation du travail.
Cet article propose d’établir des liens entre le sens du travail chez les salariés et les contextes économique et organisationnel dans lequel ils travaillent. Cet environnement économique est marqué, notamment, par la montée des relations donneurs d’ordre/sous-traitants, une gestion plus flexible de la production ou de l’emploi et la financiarisation des entreprises. Selon nos hypothèses, ces transformations agissent sur les conditions de travail et, de ce fait, sur le sens que les individus peuvent accorder à leurs tâches. Ce sens peut varier à la hausse comme à la baisse. Cette étude exploite deux bases de données françaises : tout d’abord, l’Enquête Conditions de travail 2013 réalisée auprès de 6724 salariés, rattachés à 5496 établissements. Ensuite, chaque établissement a été apparié à des données macro-sectorielles de l’Insee (Base ESANE-FARE, en évolution entre 2008 et 2012), afin de disposer d’informations sur l’évolution de ratios qui caractérisent les dynamiques productives actuelles, comme le taux de marge ou la financiarisation du capital des entreprises. À l’aide de questionnaires auprès des salariés, quatre conditions du sens du travail ont été identifiées et, ensuite, mesurées par quatre scores. Il s’agit de l’utilité, l’autonomie, la pression temporelle et les relations dans le collectif de travail. Ce sont les variations de ces scores que nous cherchons à expliquer. Par une analyse multiniveau, nous pouvons mesurer l’impact du contexte organisationnel (niveau 2) et du contexte macro-sectoriel des entreprises (niveau 3) sur ces quatre conditions du sens du travail. Les résultats montrent comment l’organisation du travail dans les établissements et la financiarisation des entreprises influencent le sens du travail chez les salariés. De plus, nous avons observé que le sens de cet impact dépend beaucoup de la position de l’établissement dans la chaîne de valeur.
Le pilotage des politiques éducatives pour les formations professionnelles suppose souvent que la formation dans une spécialité procure un avantage relatif sur le marché du travail uniquement si l’emploi occupé est de spécialité identique. Cette hypothèse qualifiée « d’adéquationniste » est réinterrogée sur le plan théorique via la théorie de l’Assignment et empiriquement pour la génération de sortants des filières professionnelles en 1998 observés en 2001. Pour cette génération, la majorité des jeunes occupent en 2001 un emploi d’une spécialité autre que leur spécialité de formation. En effet, si travailler dans sa spécialité de formation permet effectivement de mieux valoriser les diplômes, la spécialité de formation a néanmoins un rendement salarial indépendant de la spécialité d’emploi. Ainsi, les employeurs ne rémunèrent pas seulement la correspondance avec la spécialité d’emploi, ils hiérarchisent également les spécialités de formation qui signalent donc une adaptabilité à des emplois d’autres spécialités. De plus, les jeunes qui ne travaillent pas dans leur spécialité de formation semblent disposés d’aptitudes non observables favorables, tant en ce qui concerne la sélection au chômage que les salaires. Ces résultats ne sont pas en contradiction avec les hypothèses de la théorie de l’Assignement pour laquelle les logiques d’allocation aux emplois sont multiples.
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