C’est en accueillant régulièrement le concept d’inquiétante étrangeté au sein de notre travail clinique en psychologie périnatale que nous nous sommes interrogés sur le vécu particulier de la femme qui bénéficie d’un don d’ovocytes à l’étranger. Celle-ci porte en elle un bébé qui lui est génétiquement étranger. Les techniques de l’assistance médicale à la procréation permettent désormais à des femmes infertiles de devenir mères, et parfois les couples sont amenés à aller dans un pays étranger pour réaliser leur désir de parentalité. Néanmoins, cette démarche ne laisse pas le couple et en particulier la mère, indemnes. C’est en explicitant le parcours migratoire de ces femmes en quête d’ovocytes que nous mettrons en lumière les fantasmes associés à cette histoire singulière. Nous nous demanderons dans quelle mesure ces enjeux psychiques sont-ils actifs dans le vécu de la grossesse et quelle place prennent-ils lors de la rencontre avec leur bébé au moment du séjour à la maternité.
Résumé L’analyse des rencontres en consultation psychiatrique avec une femme tchétchène demandeuse, avec sa famille, de l’asile politique en France, permet d’avoir un regard général de la clinique de cette population qui devient de plus en plus importante avec les enjeux géopolitiques d’actualité, et aussi un regard sur une particularité qui n’est pas qu’une anecdote, de sa prise en charge : ne parlant pas le français, et refusant la présence d’un interprète russophone, elle utilise la langue espagnole comme un outil pour la rencontre thérapeutique. L’analyse en profondeur de cette aventure linguistique sous la perspective du psycho-traumatisme, en faisant un parallèle avec le travail de réflexion fait par Janine Altounian dans son ouvrage nous mène à des hypothèses pouvant éclairer le processus par le quel l’indicible d’un trauma peut se rendre énonçable.
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