Afin d’éclairer le sens de la religiosité de la philosophie de Lévinas et d’écarter le soupçon d’une soumission de celle-ci à des dogmes ou à des croyances incompatibles avec un principe de laïcité, notre contribution vise à clarifier le sens de son projet général. L’intention lévinassienne, ambitieuse et visionnaire, consiste en l’explicitation philosophique, métaéthique et phénoménologique, de l’idée cartésienne de l’Infini, transcendance non idolâtrique surgissant de la relation humaine. Cette quête philosophique de l’extrême conscience suppose un athéisme ou du moins une mise en question de l’idolâtrie, du sacré et des dogmes. Cette spiritualité laïque universelle réalisée dans un judaïsme repensé conduit à des questions philosophiques essentielles et à un changement paradigmatique.
Cet article théorique utilise l'histoire des idées philosophiques pour définir l'altérité, notion essentielle pour comprendre le processus d'apprentissage dans le champ de l'éducation et de la formation mais dont l'usage semble aujourd'hui inflationniste et réducteur. Privée d'unité et de sens, cette notion est surtout privée d'histoire. Son étymologie grecque renvoie pourtant à la découverte accidentelle par Platon de l'altérité comme différence (to heteron) pour résoudre une controverse célèbre l'opposant aux Sophistes. Mais l'apparition puis l'expansion de ce terme ne peuvent se comprendre qu'au regard de l'histoire parallèle et contrariée du concept de non-être (mé éon). Victorieuse face au Non-Etre absolu, l'altérité pourrait alors être comprise comme une notion usurpatrice qui aurait oublié jusqu'à son identité. Pour l'utiliser de manière pertinente et précise, les Sciences de l'Education gagneraient à reconnaître ses origines historiques et philosophiques, sa tridimensionnalité et ses implications didactiques, son caractère transgressif et émancipateur ainsi que sa capacité enseignante.
Une prolifération qui n'est pas sans faire d'histoiresLe terme « altérité » prolifère dans les sciences humaines se vidant au passage de tout contenu. Car de quelle altérité parle-t-on ? Ou comme le disent les Québécois : « Quel Autre ? » (Ouellet & Harel, 2007). Telle est évidemment la question fondamentale. Avant d'enseigner l'altérité à
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