Les auteurs reviennent sur l’idée de temps choisi que les lois Aubry du 13 juin 1998 et du 19 janvier 2000 ont ravivée en posant avec plus d’acuité la proposition de l’invention d’une nouvelle articulation des temps sociaux. La dynamique du temps choisi impulsée par les 35 heures est interrogée en examinant deux dimensions du temps de travail : son contenant, à savoir les aspects externes, morphologiques ou géométriques tels que la durée et l’horaire de travail, et son contenu, à savoir les aspects internes ou constitutifs se rapportant à la mise en oeuvre de la force de travail. La recherche dont cet article est issu tente de voir si la réduction du temps de travail (RTT) permet de prendre en compte les désirs des salariés dans l’organisation de leur temps de travail et, le cas échéant, de quelle manière et dans quelle mesure. Le travail monographique réalisé dans une caisse régionale d’assurance maladie montre une construction ambivalente, une révolution en trompe-l’oeil : le temps rendu disponible par la RTT masque un temps professionnel toujours aussi contraint, voire moins maîtrisé par les salariés – l’action sur le contenant du temps de travail ne conduit pas nécessairement à une action sur le contenu. Il relève également, quel que soit le système d’équations temporelles personnelles, que la vie hors travail ne saurait s’enrichir lorsque la vie au travail s’appauvrit. Les 35 heures n’auraient pas créé les possibilités pour la construction d’un temps vraiment choisi.
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