À la recherche d’une organisation maniaco-dépressive au TAT. Ce travail se propose d’illustrer les manifestations de l’organisation maniaco-dépressive au TAT chez huit sujets. Pour ce faire, les auteurs ont répertorié toutes les particularités du discours portant sur l’affect. Les maniaco-dépressifs sont préoccupés par l’affect et son intensité et tiennent des propos fortement imprégnés par une forme particulière de symbiose ; ils recherchent sans cesse la continuité des choses et des êtres dans un fantasme « d’union totale », semblable à la notion de syntonie décrite par Bleuler.

Ce texte examine l’évolution du concept de maniaco-dépression vers la notion de bipolarité dans la littérature psychiatrique et projective. Nous avons procédé à l’analyse du discours des protocoles de Rorschach et de TAT chez huit patients portant le diagnostic de trouble affectif bipolaire selon le DSM-IV. Il en ressort une diversité importante d’organisations psychiques. Nous avons aussi mis en évidence deux dimensions, l’une de nature langagière, que nous avons convenu d’appeler la référence à l’intensité, et l’autre relative à l’angoisse, que nous rattachons à la persécution.

In this article, I discuss a case study of a patient with depression, paranoid ideation, and other psychiatric difficulties who presented in a state of acute crisis. I review the Swiss Lausanne model of Rorschach and Thematic Apperception Test (TAT) interpretation, focusing on a psychoanalytic understanding of special contents and verbalizations. I then present a review of Comprehensive System (Exner, 2003) Structural Summary variables based on a modified Rorschach administration, while qualifying the meanings of these variables in light of the modified procedure. I conclude with a review of Winnicott's (1969) ideas on the paranoid potential, tie it to the main points of the case, and offer a 5-year follow-up of the patient's treatment. The case offers an approach to personality assessment that is informed by an international theory built on psychology and philosophy, and offers support for the use of an alternative theory-based, psychoanalytic method of data analysis.

Le présent article tente d’effectuer un rapprochement entre un article européen de Rossel et Merceron et un livre américain de Reid Meloy, tous deux consacrés à l’analyse des organisations psychopathiques. Si tous les auteurs s’entendent sur l’économie narcissique du psychopathe, le choix de la population d’étude diffère quelque peu, en raison de l’approche structurale des premiers et de l’approche symptomatique du second. Tandis que l’étude suisse ne retient que des psychopathes du registre des états-limites, l’étude américaine inclut également des psychopathes de niveau psychotique. Par contre, la mésentente règne au niveau des outils d’analyse du discours psychopathique: analyse statistique et échelles validées chez Meloy; approche qualitative chez Rossel et Merceron. Aux premiers, l’on reprochera un certain réductionisme et appauvrissement du discours, prix à payer pour le respect de la standardisation et de la cotation. Aux seconds, l’on reprochera l’absence de toute quantification qui pose problème lorsque l’on aborde la question de la validité des données. Néanmoins, Européens et Américains s’entendent sur la notion d’un fonctionnement psychopathique. La relation d’objet est marquée par la pulsion agressive et ses dérivatifs, par la recherche de pouvoir et de contrôle. La lutte contre la dépendance est déduite chez Meloy de l’absence de réponse de texture et chez Rossel et Merceron de l’absence de contenus de dépendance. La qualité narcissique des représentations d’objet est mise en évidence, chez Meloy, par le biais de l’investissement du paraître, chez Rossel et Merceron par l’importance du processus d’externalisation. La dévalorisation des objets est aussi décrite. Ni les uns ni les autres ne font réellement référence à l’angoisse car cette angoisse qualifiable d’anaclitique s’exprime justement sous des manifestations tout à fait opposées. Le vide intérieur est déduit, chez Meloy, à partir de l’ennui que vit le psychopathe et, chez Rossel et Merceron, à partir de la survalorisation de la référence au réel. Une grande convergence existe entre les deux écrits au sujet des mécanismes de défense. Tous les auteurs s’accordent sur la prépondérance du clivage et du déni, un déni par le mot et l’acte chez Meloy, un déni hypomaniaque chez Rossel et Merceron. De part et d’autre de l’Atlantique, on s’accorde également pour attribuer une place importante à l’identification projective et à l’identification à l’agresseur. Par ailleurs, Rossel et Merceron démontrent comment à travers les caractéristiques de l’énonciation et les nuances de la verbalisation du psychopathe, il est possible d’inférer son non-investissement de la mentalisation et du savoir au profit d’un surinvestissement de l’agir. La complémentarité, voire la similarité, des commentaires dans les deux ouvrages devrait réconforter certains cliniciens, désarmés devant le fossé qui semble parfois régner entre la littérature des deux continents et confirmer, qu’indépendamment du type de méthodologie et de validation choisi, l’observation clinique du psychologue expérimenté demeure la pierre angulaire de toute recherche en psychopathologie.

Le diagnostic de psychose et ses enjeux : apport des tests projectifs. Les auteurs se penchent sur les enjeux d’un diagnostic de psychose posé aux tests projectifs, en particulier, lorsque les manifestations symptomatiques ne sont pas évocatrices de cette pathologie. Le recours exclusif à une approche symptomatologique ainsi que diverses représentations collectives et contre-attitudes individuelles peuvent oeuvrer dans le sens d’une non reconnaissance du fonctionnement psychotique sous-jacent. Des études de cas illustreront l’apport essentiel des tests projectifs à la mise en évidence de cette structuration psychotique et son impact sur le traitement et l’évolution.