La surveillance électronique est souvent pensée en termes de dématérialisation, de virtualisation de l’enfermement. Mais cette approche laisse en suspens le problème de savoir ce qu’est une contrainte physique immatérielle. À l’inverse, et paradoxalement, le placement sous surveillance électronique est volontiers décrit selon un registre matériel et carcéral : comme « couvre-feu » ou « prison à domicile ». Mais cela recouvre la spécificité du fonctionnement d’une surveillance à distance. Il s’agit donc de partir de l’expérience des « placés » pour réussir à saisir le système complexe qui produit effectivement cette contrainte. Or, la surveillance électronique, même largement « virtualisée », s’appuie toujours sur la chair, sur le corps, sur l’environnement. Par-là même, elle réactive d’une manière spécifique, plus qu’elle ne dépasse, le vieux paradigme carcéral.
L'article présente les principaux résultats d'une enquête réalisée en France auprès de personnes condamnées à des peines de probation. Partant du constat de la complexité du sens des peines, l'enquête cherche à saisir la forme spécifique de l'expérience vécue par les probationnaires. Celle-ci est éprouvée comme discordante et, si elle fonctionne malgré tout, elle induit une reconfiguration pénale de l'existence et une surcharge punitive. Les probationnaires font alors l'épreuve d'une situation fort paradoxale et sans commune mesure, dont le sens reste indexé à l'impératif d'en sortir.
La notion de « prévention de la récidive » apparaît désormais, sinon comme l’alpha et l’oméga de la politique pénale en France, du moins comme un impératif de plus en plus surplombant. C’est particulièrement visible dans les orientations imposées aux Services Pénitentiaires d’Insertion et de Probation (SPIP) ces dernières années. En s’appuyant sur un double ensemble de sources écrites (textes normatifs, brochures, rapports…) et orales (une quarante d’entretiens avec des professionnels), cet article propose d’abord un repérage distinguant six rationalités structurantes du champ de la probation française. Sur cette base, il entend ensuite montrer que l’usage institutionnel de la « prévention de la récidive » a pour effet de recouvrir les contradictions et torsions qu’implique l’articulation de registres d’action hétérogènes. Il soutient alors la thèse selon laquelle cette notion non seulement ne produit qu’une clarification rhétorique des missions, qui nourrit plus qu’elle ne résout la confusion des pratiques, mais permet surtout de faire fonctionner un nouvel arbitraire de la justice, typiquement postmoderne.
En Irlande du nord, un jeune homme est amené en prison. Un gardien l'inscrit comme « non conforming prisoner » sur le registre parce qu'il refuse de porter l'uniforme des prisonniers de droit commun. Ce nouveau détenu que l'on devine membre de la résistance armée pénètre donc nu dans une cellule maculée de matière fécale où s'amoncelle dans un coin un tas abject, mélange de nourriture pourrissante et d'excréments. Selon une perspective rapide, on pourrait penser aux mauvais traitements d'un régime autoritaire sur des éléments subversifs. Il serait également tentant de faire certains parallèles cinématographiques, avec les geôles infâmes de Midnight express, d'Alan Parker, par exemple. Mais l'on serait loin du compte. Ici, ce sont les détenus eux-mêmes qui ont soigneusement étalé leur merde sur les murs, qui refusent de s'habiller et de se laver. C'est le « no-wash protest » dont il ne faut pas réduire trop vite la singularité. Là, réside l'ambiguïté fondamentale qui fait tout le prix de cette tragédie. Le film de Steve McQueen 1 est beau, fort et intelligent, c'est évidemment extrêmement rare, mais il s'agit surtout d'un grand film politique, d'un grand film de philosophie politique. Sur le film Hunger, ou la question des prisonniers politiques en démocratie Appareil , Articles
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